Annales des Mines (1855, série 5, volume 8) [Image 209]

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NOTICES MINÉRALOGIQUES.

quefois pénétrés par les dodécaèdres du système régulier qui, d'après les analyses de M. Uhrlaub , appartiennent à une variété de tennantite très-arsénifère ; il est donc probable que les deux substances se trouvent aussi mélangées dans les masses cristallines qui forment des veines dans la dolomie grenue , et il est impossible d'affirmer si la matière analysée autrefois par M. Damour (1) était ou non parfaitement exempte de sulfoarséniure cuivreux. Je ferai cependant remarquer que les analyses de ce chimiste n'ont fourni que des traces de cuivre, et que suivant M. de Waltershausen, elles se rapprochent beaucoup de l'une de celles qui ont été faites par M. Uhrlaub sur des cristaux isolés. Les essais au chalumeau de chaque sulfoarséniure permettent bien de distinguer celui qui contient du cuivre ; mais quoique la Dufrénoysite prismatique ait une poussière d'un rouge un peu plus foncé que

les cristaux dodécaèdres, comme le fait remarquer M. Heusser, la différence est si faible, que la séparation exacte des deux minéraux paraît exiger qu'ils soient en cristaux discernables. Espérons que les analyses qui ont dû être exécutées cet hiver à Zurich par M. Stockar-Escher, sur des échantillons convenablement choisis, permettront de reconnaître le degré de pureté de ceux qui ont été examinés par MM. Damour et Uhrlaub. Dans la notice insérée au tome XCVH des Annales de Poggendorf, M. Heusser propose de conserver le nom de Dufrénoysite au sulfoarséniure cuivreux du système cubique, et de substituer à la dénomination de skléroclase, donnée par M. de Waltershausen aux cristaux (i) Voy, Annales de chimie et de physique, t, XIV, 3e série, Page 379.

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prismatiques, celle de .Binnite usitée dans quelques parties de la Suisse ; mais cette innovation ne me paraît destinée qu'à amener une nouvelle confusion dans l'histoire des minéraux de la vallée de Binnen, sans pouvoir s'appuyer sur aucune raison plausible. M. Damonr a en effet entendu appliquer le nom de Dufrénoysite au sulfoarséniure de plomb qu'il a analysé le premier, et dont la forme avait été regardée à tort comme appartenant au système cubique ; cette erreur cristallographique est suffisamment rectifiée maintenant par les observations de M. de Waltershausen et par les nou velles déterminations que je viens de donner : ce qui reste. bien prouvé, c'est que la substance dont l'analyse a été faite par M. Damon'. possède une composition et une forme cristalline qui n'appartiennent à aucun autre

minéral (1), et qu'elle constitue par conséquent une véritable espèce dont rien n'autorise à changer le nom primitif. .

Quant aux cristaux en cubododécaèdres, qui parais-

sent s'éloigner de la tennantite ordinaire par leur (i) La forme primitive que j'ai attribuée à la Dufrénoysite vient se ranger dans la nombreuse catégorie des prismes

rhomboïdaux droits, voisins de la forme limite de 15,00; la seule substance avec laquelle ce minéral présente quelque analogie cristallographique et chimique, est le schilfglaserz ; on trouve

en effet des deux côtés les faces verticales h', m, g'; on remarque aussi quatre faces parallèles à la petite diagonale, et une face parallèle à la grande diagonale de la base, dont les incidences sont presque identiques; mais là s'arrête la ressemblance, car dans la Dufrénoysite, les troncatures suries arêtes des bases sont entièrement différentes de celles du schilfglaserz ; on ne saurait d'ailleurs établir une comparaison sérieuse

entre ces deux espèces, puisque, d'une part, la forme du schilfglaserz est rapportée maintenant par MM. Brooke et Miller à un prisme rhomboïdal légèrement oblique, et que, d'autre part, les cannelures principales de leurs cristaux se trouvent dans deux directions perpendiculaires l'une à l'antre,