Annales des Mines (1853, série 5, volume 4) [Image 211]

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ÉTUDE GÉOLOGIQUE

décèlent la présence de l'ophite décomposé : en creusant légèrement, on met à nu les boulets si caractéristiques. Tout le sommet et une partie du versant opposé sont formés par l'épanchement de la matière éruptive ; on discerne même des lits minces d'ophites , quelquefois horizontaux, qui semblent avoir débordé par-dessus les couches soulevées. Enfin on retrouve un peu Plus loin, sur ce second versant, les mêmes marnes qui s'appuyent sur le premier. Les alternances de couleur n'y sont pas moins visibles. La direction est sensiblement la même, mais l'inclinaison est en sens inverse, ce qu'on devait prévoir : c'est au milieu de ces marnes qu'on parcourt ainsi perpendiculairement à leur tranche, qu'est exploitée la mine de fer oligiste de Bastennes , où le gypse est intimement mélangé au fer et aux marnes colorées. La formation marneuse est là d'une grande puissance, car elle continue jusqu'à 5 ou Ltoo mètres plus loin, à la carrière de Casse-Biel. Cette carrière est abandonnée aujourd'hui, mais on peut encore en observer très-bien les caractères. On y exploitait un calcaire dur et cas-

sant, en lits peu épais, dans les joints desquels sont intercalés des filons d'ophite. Pour tout dire en un mot, c'est exactement le gisement de la pierre d'Arzet , et toute la formation est dirigée S.-0. N.-E. comme à Cassoura , et plonge au S.-E. Ncius retrouvons donc encore ici le terrain des fahluns bleus reposant sur les marnes, avec une direction à peu près la même.

Entre la carrière de Casse-Biel et la marnière de Cassoura , sur le dôme ophitique lui-même, est située la mine de fer oligiste de Bastennes qui présente un remarquable exemple de la dislocation d'un banc sédimentaire. L'exploitation a mis à nu l'ophite à des profondeurs

SUR LE BASSIN DE L'ADOUR.

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variables. Les matières qui recouvrent la roche volcanique, sont un mélange de marnes colorées, de blocs de gypse et de fer oligiste. Les marnes sont contournées, repliées dans tous les sens , imprégnées de fer l'ophite s'est épanché en veines dans la, masse, et y a formé des boulets en décomposition. Des cavités, quelquefois considérables, sont remplies de fcr oligiste , tantôt en rognons, tantôt en petits filons irréguliers. Les blocs de gypse sont pêle-mêle et affectent les positions les plus bizarres. Leur surface est enduite d'éma.nations ferrugineuses qui y ont déposé un vernis et ont même assez p,énétré dans l'intérieur pour y déterminer une couleur violette générale. La partie inférieure des blocs est comme rongée par le feu : on y voit de vastes géodes ouvertes, avec des stalactites de gypse : on dirait la paroi d'un creuset, remplie d'une matière fondue, et qu'on aurait renversé à moitié du refroidissement. La masse du gypse est parcourue par une multitude de

petits filets de gypse blanc cristallisé. Il semble que sous l'influence de la chaleur il se soit produit un phénomène analogue à celui qu'on observe si fréquemment dans le calcaire. Au sein de la pierre on trouve des cris-

taux de quartz hyacinthe, très-abondants dans les marnes rouges d'un champ voisin. Si l'on examine de près la surface luisante de chaque bloc, on reconnaît une multitude de stries parallèles, parfaitement nettes, dont la coloration varie légèrement d'une strie à l'autre. Si on casse ces blocs, la cassure a lieu suivant le plan des stries. 11 est impossible de ne pas reconnaître l'origine sédimentaire de ce gypse, et d'expliquer sa présence autrement que par la rupture d'un banc régulier , puisque les blocs, sans lien de stratification les uns avec les autres, ont conservé individuellement les TOME

IV, 1855.

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