Annales des Mines (1853, série 5, volume 4) [Image 176]

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GISEMENT D'ASPHALTE

AUX ENVIRONS D'ALAIS (GARD).

mu!; on trouve parmi ces dernières un banc de grès

schisteuses, présentant la texture de la craie, et par là très-propres à absorber le bitume : ce sont celles-ci

calcaro-ferrugineux imprégné quelquefois de bitume et renfermant des feuilles de Phyllives melastornace ou de Laurine (1) d'une admirable netteté.

Arrivons aux calcaires asphaltiques, et qu'on nous tiques. 13tinn et l'abbé permette de rappeler à ce sujet les observations de de Sauvages. l'abbé de Sauvages, citées par Buffon dans son histoire des minéraux. « On voit régner auprès de Servas , à quelque distance d'Alais , sur une colline d'une grande étendue, un banc de rochers de marbre qui pose sur la terre et qui en est couvert ; il est naturellement blanc; mais cette couleur est si fort altérée par l'asphalte qui le pé-

Calcaires asPbal-

nètre qu'il est, vers sa surface supérieure, d'un brun clair, et ensuite très-foncé à mesure que le bitume approche du bas du rocher. Le terrain du dessous n'est point pénétré de bitume, à la réserve des endroits où la tranche du banc est exposée au soleil. Il en découle en été du bitume qui a la couleur et la consistance de la poix noire végétale. Il en surnage sur une fontaine voisine,

dont les eaux ont, en conséquence, un goût désagréable. Dans le fond de quelques ravines et audessous du rocher d'asphalte, j'ai vu un terrain mêlé alternativement de lits de sable et de lits de charbon de pierre, tous parallèles à l'horizon.... » Buffon conclut de ces dernières lignes que le charbon de pierre a produit le bitume par une distillation ascendante ; conclusion dont la position relative des couches charbonneuses et bitumineuses démontre la fausseté. Les calcaires asphaltiques se composent de plusieurs assises : les unes dures, compactes, grisâtres, renfer-

mant des débris de mélanies ; les autres blanches, (,) Déterminées par M. Duval.

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que l'on exploite. Elles forment un horizon très-net dans toute la contrée ; leurs fragments affectent constamment une cassure prismatique et pseudo-régulière ; ils ren-

ferment du silex brun en rognons aplatis, des moules et des empreintes de bivalves fluviatiles , des tiges et des feuilles carbonisées ; enfin ils exhalent par le choc une odeur asphaltique prononcée, qui leur a fait donner dans le pays le nom de pierre puante. Le calcaire bitumineux proprement dit, exploité pour la fabrication de l'asphalte, présente plusieurs variétés : tantôt il est terreux, criblé de cellules que le bitume a pénétrées ultérieurement ; tantôt il est simplement enduit ou tacheté par cette substance ; d'autres fois, enfin, l'imbibition s'est opérée d'une manière complète, mais toujours par zones ou bandes parallèles qui impriment au minerai un aspect rubané. Les deux dernières variétés donnent par liquation du bitume pur, tandis que la première se désagrége et se fond en masse sous l'ac-

Minerai

de bitume.

tion de la chaleur. Les échantillons les plus riches tiennent environ 15 p. ioo de. bitume, et n'en donnent par liquation que 3 ou 4. L'eau bouillante et l'alcool n'exercent pas d'action sensible sur l'asphalte de Servas ; l'éther acétique l'attaque lentement ; mais l'essence de térébenthine le dissout très-vite et en totalité, en laissant un résidu blanc. Notre minerai se rapproche, comme on voit, du calcaire bitumineux de Lobsann et de Seyssel. M. Daubrée a déjà signalé (Ann. des mines, 4e série, t. XVI ) la difficulté qu'on éprouve à retirer le bitume de ces calcaires si riches, tandis que les grès et sables de Béchelbrm , de Seyssel et de Bastennes , beaucoup plus pauvres, abandonnent par une simple ébullition

Infériorité des minerais calcaires.