Annales des Mines (1847, série 4, volume 12) [Image 180]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

358

DANS LA POURSUITE DES GITES MÉTALLIFÈRES. 359

PRINCIPES A SUIVRE

à réfuter ce qui a été dit, que l'adoption de ces règles aurait pour conséquence « l'anéantissement

» de l'art de l'ingénieur et de la production des » métaux (1). » Pour ce qui est de l'ingénieur, il est difficile de comprendre que l'art lui soit plus nécessaire pour obéir aveuglément à des principes absolus, que s'il avait à étudier les circonstances locales, à en apprécier le caractère et à imaginer les dispositions qui leur conviennent le mieux. De même, il semble permis de croire que, sansconspirer l'anéantissement des métaux, on peut juger à

propos de signaler l'insuffisance actuelle de la théorie, d'indiquer ce qui lui manque pour devenir applicable à l'exploitation des mines métalliques et de faire connaître avec quelle mesure il convient de compter sur les principes qu'on en déduit prématurément. Agir ainsi n'est-ce pas au contraire servir l'industrie, en prévenant les mécomptes particuliers et le découragement général

qui s'ensuit. Il y a plus , si l'application de la géologie à l'exploitation des mines n'a pas encore dit son dernier mot, comme nous le pensons nous ne désespérons pas de contribuer, pour une

humble part, à développer clans l'avenir la proproduction des métaux, en appelant l'attention des savants sur les points obscurs du métier et en donnant lieu par là à des investigations et à des études d'où sortiront un jour les enseignements pratiques qui nous manquent, et faute desquels l'industrie des mines est obligée à tant de dépenses improductives qui la rebutent. On a paru préoccupé de cette pensée que l'opi-

nion de la continuité du minerai dans la profon(1) De la continuité des gîtes métallifères, p 46.

deur était une sorte de dogme auquel il ne faut pas toucher, de crainte d'ébranler la seule base des travaux de mines durables et persévérants. Cette manière de voir serait au moins hypothétique : pour s'en convaincre il suffit de remarquer que les théories d'où l'on fait dériver ce principe

de la continuité, ne sont définitivement admises

que par la génération vivante, tandis que l'on connaît des mines exploitées sans interruption de-

puis des siècles. C'est que les travaux durables prennent leur source dans quelque chose de plus positif que les principes combattus par nous. Voici leur histoire en quelques mots Forcé partout, dans

cette voie obscure, de faire la part de l'inconnu, depuis Werner aussi bien qu'avant Agricola, on marche d'abord avec espoir, tans doute, mais non sans appréhension. La confiance ne naît que du succès; elle grandit avec lui. Quand on a été assez heureux pour rencontrer des filons aussi étendus

et aussi bien fournis que les principaux filons plombeux du Harz, aussi multipliés et d'aussi grande valeur que certains filons argentifères de Freiberg, aussi continus en minerai que plusieurs filons cuprifères de Cornwall, aussi exceptionnellement riches que les filons cinabrifères den, il n'est pas nécessaire, pour s'enfoncer har-

diment dans la profondeur d'avoir le génie de Buffon ou de Cuvier, ni même la science pratique de Werner, il suffit d'aimer les gros dividendes et de tenir à ne pas les voir tarir. Ce goût vivra plus que bon nombre de nos théories. Ne craignons donc pas de rechercher la vérité, et loin de professer que nous avons tiré de la géologie tout ce qu'on peut en attendre par rapport à l'exploitation des mines métalliques, ce qui serait