Annales des Mines (1847, série 4, volume 12) [Image 69]

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SUR LES GLACIERS DU NORD

bablement aussi c'est à la présence de matières organiques, en proportion plus ou moins forte, que l'on doit attribuer les variations de teintes, du bleu au vert, que l'on remarque dans les eaux

tirant leur origine des glaciers; ainsi d'après H. Davy, quand la teinte d'un lac de la Suisse passe du bleu -au vert, c'est que les eaux se sont imprégnées de matières végétales. On observe quelquefois des circonstances analogues au milieu de l'Océan; ainsi autour des glaces les mers polaires sont habituellement d'un beau bleu mais il s'y trouve des bandes vertes très-étendues et bien tranchées, dont Scoresby a attribué l'ori-

gine aux myriades de méduses qui s'y trouvent et qui, ayant une teinte jaune, changent le bleu de l'eau en vert. La couleur du fond et le mouvement des vagues peuvent donner lieu à des changements analogues dans la teinte des eaux de la mer, comme l'a clairement expliqué M. Arago (i).

Les eaux qui s'écoulent des champs de neige et de glace ne doivent pas généralement contenir de substances végétales en quantité notable (2); Comptes rendus, etc., t. VIT, p. 2.20.

Les corpuscules animaux et végétaux que l'on trouve à la surface des glaciers et qui communiquent à la neige cette teinte rouge qu'elle offre quelquefois, doivent se retrouver, comme l'a fait observer, depuis la rédaction de ce mémoire, M. E. Collomb, dans l'eau qui s'en écoule; mais probablement ils n'y sont qu'en faible proportion comparativement à la quantité de substances organiques renfermées dans les eaux ordinaires ainsi, M. Deville a constaté par l'analyse que dans les eaux bleues du lac de Genève il n'y a pas de matière colorée, tandis qu'il a reconnu dans les autres eaux la présence d'une substance

organique, jaune et identique, suivant lui, aux acides créniques de M. Berzelius.

ET DU CENTRE DE L'EUROPE.

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et par suite , elles doivent offrir, quand elles ne sont pas tout à fait limoneuses, la teinte bleue qui paraît propre à l'eau chimiquement pure; mais, au contact de l'air, elles s'imprègnent peu à peu des particules organiques et des, sporules qui s'y trouvent en suspension et à mesure que le contact est plus prolongé, la proportion de matière organique doit augmenter. D'ailleurs les corpus-

cules végétaux peuvent prendre vie dans les points

où ils trouvent des conditions favorables à leur existence, et ils doivent s'accroître de plus en plus par réduction de l'acide carbonique. A mesure que les substances organiques contenues dans les eaux augmentent en quantité, quelle qu'en soit la nature, elles tendent à en modifier ou même en effacer la couleur bleue par la superposition de celle qui leur est propre. On comprend d'ailleurs qu'en raison de leur origine,

les eaux de source et celles de la plupart des

rivières et des étangs des contrées basses doivent contenir des substances organiques en quantité plus ou moins grande, et ne peuvent avoir la même teinte que les eaux provenant de la fonte des neiges.