Annales des Mines (1847, série 4, volume 12) [Image 47]

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SUR LES GLACIERS DU NORD

à ces bandes rubanées dont j'ai signalé tout à l'heure l'existence sur les glaciers de la Norwège (page 78). Dans les Alpes elles avaient été remarquées depuis longtemps par plusieurs savants, mais M. Forbes est le premier qui les ait décrites et en ait donné une explication satisfaisante (1).

Le développement de cette structure veinée, qui résulte de l'inégale vitesse du centre et des née des glaciers, parties latérales des glaciers montre que la subRelation des cre-

2,sztsu avec

stance dont ils sont formés possède une espèce de ductilité ; niais en même temps que la glace s'étire sous forme de rubans , il s'y produit des fentes, d'abord étroites , mais qui s'élargissent peu à peu. Ainsi, malgré leur plasticité et leur ductilité, les particules de glace possèdent une cohésion assez grande pour que la tension à laquelle elles sont soumises détermine des fractures. Lorsque le lit des glaciers est très-inégal , les crevasses sont irrégulières et entre-croisées, mais habituellement elles tendent à affecter une disposition transversale. Sur beaucoup de glaciers dans les Alpes et sur plusieurs de ceux que l'on voit en Norwège , elles forment un système central dont la concavite est tournée vers l'aval et deux systèmes laté-

raux qui obliquent un peu vers l'amont, comme le montre la fig. i r; ainsi elles font un angle presque droit avec la direction des bandes rubanées , c'est-à-dire des lignes d'étirement, suivant lesquelles ia tension est la plus forte. Les crevasses

se forment dans les endroits où la pente est faible, lorscitte la tensionest devenue trop grande ou lorsqu'elle se développe inégalement sur les diverses parties d'un glacier; mais elles se forment (1) Travels through the Alps of Savoy, p. 157.

ET DU CENTRE DE L'EUROPE.

93 beaucoup plus facilement et en plus grand nombre dans les endroits très-inclinés ou irrégulièrement

accidentés; car alors la masse est plus fortement sollicitée par l'action de la pesanteur, les particules de glace situées en avant cèdent à cette force, mais celles qui se trouvent en arrière, n'étant pas

attirées avec une égale puissance, se meuvent moins rapidement ; de là résultent nécessairement des ruptures. Conformément aux principes de la théorie de deL'avancement la parue infela viscosité, M. Forbes envisage le mouvement rieure d'un glades glaciers comme le résultat d'un affaissement eernet sutnprp0ebtiapb11.e;

sur eux-mêmes ; par suite, les

particules situées lent que celui de

près du fond devraient se mouvoir avec une ex- iiieuPraertie

cessive lenteur et comme entraînées par celles de la surface. Mais un pareil affaissement paraît dif-

ficilement compatible avec l'existence des crevasses et des cavités que présente la partie supérieure des glaciers comme nous l'avons vu, les glaciers ne se comportent pas tout à fait de la même manière que des substances visqueuses mais plutôt comme des corps solides, grenus, imparfaitement cimentés, doués d'une faible cohésion, entraînés dans les vallées par leur poids et par celui de l'eau qui les imbibe ; conséquemment

ils doivent glisser sur leur fond; mais je pense que le mouvement de leur surface inférieure doit

être un peu moins rapide que celui des parties supérieures, comme semble l'indiquer le pendage des rubans de glace bleue, qui a toujours lieu vers amont (1 ).

Les conditions ne sont pas tout à fait iden-

(1) Je citerai ici un des cas où l'on voit clairement que les parties inférieures ne peuvent pas se mouvoir avec la même vitesse que les supérieures si le fond d'un glacier

suPé-