Annales des Mines (1847, série 4, volume 12) [Image 39]

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SUR LES GLACIERS DU NORD

ET DU CENTRE DE L'EUROPE.

fusion superficielle des glaciers, par suite de laquelle se montrent à découvert des couches de glace de plus en plus profondes. D'ailleurs, la pression qu'exerce en se dilatant l'eau qui se congèle à l'intérieur des glaciers doit tendre à pousser les blocs vers la surface ; mais comme cet effet n'a

que, malgré leur mouvement incessant, les accidents de leur surface conservent une position à peu près fixe ; c'est toujours dans la même zone que se

forment des crevasses nombreuses et entre-croi-

sées qui se referment un peu plus loin par un rapprochement graduel et un ressoudement de

lieu qu'à la fin et au commencement de l'hiver,

aux époques où les couches supérieures du glacier possèdent une température inférieure à zéro, on conçoit qu'il n'ait pas été perceptible dans les expériences qu'ont faites pendant la saison estivale MM. Martius et Bravais (1); aussi n'ont-ils pu apprécier que l'effet produit par la fusion. Cavités de forSurie glacier deLodals et sur plusieurs a utres gl nies (giliresres"Zciers du Justedal , on voit, outre les sillons et les Justedal. petits canaux creusés par les filets d'eau qui coulent à leur surface, des cavités irrégulières et de formes

diverses, ressemblant le plus souvent à d'im-

menses baignoires ; l'eau qui s'y trouve est d'une admirable limpidité et offre , de même que les parois du vase qui la contient, une belle teinte d'un bleu d'azur. Souvent on rencontre de vastes entonnoirs où l'oeil plonge sans en apercevoir le fond et dans lesquels s'engouffrent des ruisseaux; ailleurs on voit des puits cylindroïdes qui tendent à s'approfondir de plus en plus par suite du mouvement de va - et-vient de l'eau qui les remplit ; comme on le sait, elle s'échauffe à la

surface, et augmentant peu à peu de densité, elle tombe au fond du trou où elle liquéfie la glaces, et une fois ramenée à la température de zéro,

elle devient plus légère et remonte à la surface.

Un des caractères les pl us remarquables des glaciers du nord et du centre de l'Europe consiste en ce (1) Annales des sciences géologiques, octobre 1842.

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leurs parois , et souvent aussi à l'aide des neiges

qui s'y entassent et s'y glacifient. C'est con-

stamment sur la même portion de la mer de glace de Chamouni que se trouvent les moulins formés par les ruisseaux qui se précipitent dans des puits profonds; c'est aussi à peu près à la même place,

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près de la rive droite, que se trouve chaque année la cascade formée par le torrent qui jaillit du sein du glacier du Rhône à travers une grotte azurée. En général, les creux , les aspérités, les aiguilles, etc., se voient tous les ans aux mêmes endroits : chaque tranche d'un glacier éprouve successivement les mêmes changements de forme

et d'aspect, à mesure qu'elle s'abaisse suivant la pente du terrain ; elle se modifie incessamment, perd ses précédents caractères de configuration pour en prendre de nouveaux, de la même manière que cela a lieu pour chaque tranche d'un cours d'eau qui coule sur un lit inégal et diversement incliné. Cette constance dans la position des accidents de la surface des glaciers tient à ce que

le fond sur lequel ils se meuvent est toujours identique ; les circonstances générales de leur mouvement, les phénomènes intérieurs et extérieurs se reproduisent périodiquement dela même manière. D'ailleurs , comme l'ensemble des causes atmosphériques , par lesquelles sont influencés les phénomènes glaciaires, éprouve des variations

notables du printemps à l'automne,

M. Forbes a fait observer avec raison qu'un gla-