Annales des Mines (1847, série 4, volume 11) [Image 339]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE 674 successivement en revue l'exploitation des mines chez les peuples anciens, la classification et la disposition générale des masses métallifères d'après les idées de Werner, sur lesquelles on avait alors

peu écrit; puis toutes les généralités techniques sur l'exploitation des mines métallifères, comprenant les méthodes d'aménagement et d'airage , les

percements, les charpentes et maçonneries, les moteurs hydrauliques, la préparation des minerais; viennent enfin la topographie, l'histoire et la statistique des mines de Freiberg prises dans leur ensemble, la distribution de toutes leurs eaux mo-

trices, leur administration, et en dernier lieu la description particulière de chacune d'elles. Il y avait là le germe de toutes les recherches soit minéralogiques, soit hydrauliques, qui ont rendu si intéressants pour la science les travaux de la dernière moitié de sa vie. Il expose aussi dans cet ouvrage plusieurs séries d'expériences qu'il avait faites au fond des mines de Freiberg sur la question importante, et encore incertaine alors, de la température souterraine. Il est en effet, avec M. Cordier, aujourd'hui inspecteur général des mines, l'un des premiers savants qui se soient occupés, après Saussure, de ces inté-

ressantes expériences, et qui aient constaté par des chiffres positifs le grand fait, mis en cloute jus-

qu'à cette époque, de l'accroissement de température avec la profondeur. Nous devons dire tou-

tefois qu'entraîné par la doctrine de Werner, M. d'Aubuisson n'admettait pas alors la chaleur interne du globe, ainsi qu'on peut le voir dans un mémoire sur la température de la terre, inséré au tome LXII du Journal de physique (avril 18496). Vers la même époque (1802) parut la traduc-

SUR M. D'AUBUISSON.

675 don française de la Théorie des filons de Werner.

Tous les premiers écrits de M. d'Aubuisson, tous ceux qu'il composa pendant son séjour en Allemagne, sont donc consacrés spécialement à l'étude des mines proprement dites et à celle de leur exploitation. Placé près du plus grand centre d'exploitation métallifère, il s'inspirait de la vue des lieux dans cette laborieuse investigation du travail des mineurs ; ce rude et technique labeur était peut-être au reste un effort qu'il imposait à son esprit pour tromper les regrets d'un long exil,

et sans doute ce n'est qu'à son retour en France qu'il eut l'esprit assez libre pour s'occuper de publications d'un ordre plus général et moins pratique. Ce retour dans la patrie , si désirable et si désiré, eut lieu enfin, après dix ans d'attente, lors du rappel général des émigrés. Mais à ce sujet , et dans l'intervalle de temps dont nous avons parlé, vient se placer dans la vie de M. d'Aubuisson un trait que nous ne pouvons nous résoudre à passer sous silence, malgré la réserve que nous nous sommes prescrite sur ce qui concerne uniquement sa vie privée : c'est que ce trait peint en effet d'un seul coup ce qu'il y avait de chaleureux dans son cur et d'énergie clans son caractère. Du fond de l'Allemagne, où le retenait son exil , ses yeux demeuraient, sans cesse tournés vers la France, vers sa ville natale, -vers sa famille : le désir de les revoir éclata enfin si vivement qu'un jour il n'y résiste plus , il part. La loi de mort contre les émigrés sévissait alors dans toute sa rigueur ; mais il a décidé qu'il reverra les siens; qu'il posera encore le pied sur le sol natal, ne fût- ce que quelques jours, et animé par une aussi pieuse idée, il entreprend ce long pèlerinage,