Annales des Mines (1847, série 4, volume 11) [Image 123]

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EXPLOSION D'UNE CHAUDIERE A DÉ,FÉQUER

ouvert le robinet d'admission de vapeur, le fond intérieur en cuivre se déchira en se repliant sur lui-même; il y eut par suite projection d'une partie du liquide contenu dans l'appareil , et un ouvrier qui se trouvait à proximité a été brûlé par ce liquide. La vapeur, qui s'est nécessairement dégagée avec violence par l'orifice résultant de la fracture du fond , n'a produit d'autre effet que d'enlever quelques pannes de la toiture. L'un des propriétaires de l'usine a constaté aussitôt après l'accident que le robinet d'émission était complétement fermé. La chaudière a donc

supporté pendant vingt minutes une pression égale à celle des générateurs, c'est-à-dire une pression de trois atmosphères effectives à peu

près : cette circonstance est la seule cause de l'explosion.

Aucun fragment du fond intérieur n'a été arraché de la chaudière. Le robinet qui réunit les deux fonds et sert à vider cette chaudière a résisté au choc. Le fond en cuivre s'est simplement déchiré (fig 14) suivant une circonférence qui serait déterminée par un plan horizontal situé à om,t o environ au-dessous du collet. La fracture occupait à peu près le tiers de cette circonférence. Il est trèsprobable que le fond intérieur, sous l'action de la pression qu'il supportait, aura d'abord été seulement déformé : il s'y sera produit une bosse, ainsi

que cela arrive le plus ordinairement pour les chaudières à déféquer. Cet accident, passé inaperçu au moment où il a eu lieu, se sera aggravé par suite de la continuité de l'effort excercé à l'intérieur, et enfin le fond en cuivre, lorsqu'il a eu pris toute l'extension dont il était susceptible, se sera déchiré dans une direction normale à celle

A SAINT-SALLVE (NORD).

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des fibres infléchies et au point où il offrait la moindre résistance, c'est-à-dire près du collet, là où la courbure est moins .prononcée et l'épaisseur en général plus faible. La chaudière à déféquer qui a fait explosion ne remplissait aucune des conditions de sûreté prescrites ; elle n'était pas autorisée, n'avait pas subi l'épreuve réglementaire, et n'était pas munie d'une soupape de sûreté. L'accident qui est arrivé, bien que déterminé par l'imprudence d'un ouvrier, doit donc être attribué à l'inexécution des mesures de sûreté qui sont précisément destinées à prévenir les effets de toute négligence de cette nature. Les sieurs Moreau frères sont par conséquent responsables des blessures occasionnées par l'explosion de leur chaudière, et il y a lieu de les renvoyer devant le tribunal correctionnel de Valenciennes.