Annales des Mines (1847, série 4, volume 11) [Image 117]

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A SAINT-RENOBERT (DOUBS).

EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE A VAPEUR

La chaudière est en tôle de fer, de forme cylindrique, terminée à chacune de ses extrémités par une calotte sphéroïdale aplatie ; elle sort des ate-

liers de MM. Dubois et Lévéque à Paris ;

elle

porte le timbre de 5 atmosphères. Les dimensions de la chaudière sont les suivantes : Longueur de la chaudière de bout en bout. piamètre irnérieur de la chaudière. . . Epaisseur de la tôle

2-,80 Orn,65 Orn,08

Elle n'a pas de bouilleurs.

Cette chaudière formait le générateur d'une machine à vapeur de la force nominale de trois chevaux, servant à mettre en mouvement un battoir à blé, et suppléant quelquefois au cours d'eau qui fait mouvoir le moulin de Saint-Renobert.

fig. 8, Pl. III, donne le plan de la partie de

l'usine où la chaudière était placée. La chaudière était munie des divers appareils de sûreté prescrits par l'ordonnance du 22 mai i843, savoir : deux soupapes de sûreté dont les orifices sont plus grands, relativement à la surface de chauffe, que ceux qui sont fixés par la table jointe à l'ordonnance ; un flotteur ordinaire et en outre deux tubes en verre indicateurs du niveau de l'eau ; ces deux derniers étaient placés sur le fond de la chaudière visible au dehors; un manomètre à air libre en tube de cristal, et enfin un

flotteur d'alarme. Ces deux derniers appareils avaient été placés seulement au commencement du mois de mai 1846 , avant que la machine ne fût remise en activité pour cette campagne. Voici comment les faits se sont passés , d'après la déclaration du sieur Druot La machine était en roulement à peu près per-

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manent depuis le milieu du mois de mai ; en der-

nier lieu, elle marchait d'une manière continue jour et nuit ; elle ne faisait marcher que le battoir. Deux chauffeurs se relevaient successivement. Le 5 août, Antoine Côte, dit Fanfan, un des chauffeurs , avait pris le service de la machine à 2 heures du matin ; vers les 7 heures , le sieur Druot, qui était au battoir, s'aperçoit que le mouvement se ralentit d'une manière très-prononcée, il avertit le chauffeur de soigner sa machine; celuici venait de faire une courte absence et rentrait dans le local de la chaudière. En même temps, le sieur Druot descend du battoir, et examinant les tubes indicateurs en verre, reconnaît que le niveau de l'eau y est très-bas. Cependant le flotteur d'alarme ne sifflait pas; il monte au-dessus de la chaudière, presse la tige supérieure de ce flotteur, et celui-ci siffle. Il descend ensuite à la grille, examine le foyer et reconnaît que les parois de la chaudière sont rouges; en même temps il entend comme un mouvement tumultueux dans la chaudière ; il crie aussitôt : « Sauvons-nous » et en passant ferme le robinet de mise en train, arrêtant ainsi le mouvement de la machine, et par là celui de la pompe d'alimentation. A peine étaitil hors du local de la chaudière,. que l'explosion se fait entendre ; le chauffeur était dans l'intérieur,

étendu roide mort, près de la porte, par une

pierre du parement supérieur de la maçonnerie du fourneau quit lui avait fracassé la tête. D'après la déclaration du sieur Druot , Antoine Côte serait déjà sorti du local en même temps que

lui, niais il y serait rentré pour prendre quelques

objets qu'il y avait laissés (sa pipe et son tabac), et

ce serait en ce moment qu'il aurait été atteint. Ce