Annales des Mines (1845, série 4, volume 7) [Image 240]

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478 EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE A VAPEUR mentaire permettait de remplacer très-facilement, dit-on, le peu de vapeur perdue par la Soupape. Deux essais , qui parurent favorables, furent faits de cette manière par le sieur Dumesnil, qui se décida à faire construire un fourneau solide. La soupape fut conservée sans y rien changer, à ce que déclare le sieur Dumesnil, sauf le bout du tuyau établissant communication du double fond à cette

soupape, lequel tuyau étant trop court et mal

disposé par le sieur Renaud, avait été changé par le sieur Chalmé , chaudronnier à Saint-Sever. Le 20 août, lendemain du désastre de Monville, le sieur Dumesnil a mis le feu à son nouveau fourneau, le matin, et a commencé à chauffer très-lentement pour sécher les maçonneries; on a ensuite élevé la température, sans parvenir à faire bouillir les matières contenues dans la chaudière aussi bien qu'on l'avait fait pendant les deux essais avec le fourneau provisoire. A six heures du soir, la soupape perdait beaucoup de vapeur, à ce que déclare le sieur Dumesnil ; tout à coup elle ne perdit plus , et environ deux minutes après une explosion épouvantable se fit entendre : le toit de l'établissement fut enlevé et les débris projetés au loin. Quatre personnes, savoir, le sieur Dumesnil, son beau-frère , un contre-maître et un maçon se trouvaient auprès de la chaudière, et par une sorte de miracle, deux seulement ont été blessés le sieur Dumesnil et son beau-frère. Le premier n'a eu que quelques brûlures légères Kun bras cassé, Le second , outre un poignet cassé, a reçu à la tête des contusions tellement graves, que sa vie .est encore aujourd'hui dans le plus grand danger. Aussitôt qu'à mon retour de tournée j'ai eu con-

A SOTTEVILLE PRÈS ROUEN.

479 naissance de ce triste événement, je me suis rendu sur les lieux ; j'ai examiné en détail la chaudière

qui est encore en place, et la soupape qui était démontée.

La partie intérieure de la chaudière correspondant au double fond s'est déchirée sur une longueur

de plus de deux mètres, mais aucune partie de quelque importance n'a été projetée au loin. L'eau que contenait le double fond , et par suite l'huile et les lessives de potasses placées dans la chaudière ont seules été lancées au dehors. Le toit de l'établissement n'a été enlevé que par suite de la compression de l'air subitement produite par l'expansion de la vapeur.

Le premier coup d'oeil jeté sur la chaudière suffit pour expliquer cet accident , évidemment dû à l'ignorance du propriétaire de l'établissement et

des chaudronniers, dont l'un a fait l'appareil que l'autre a essayé et jugé. Cette chaudière et son double fond n'étant nullement faits pour résister à une pression de trois atmosphères, s'ils avaient été soumis à l'épreuve prescrite par les règlements, ils eussent infailliblement été enfoncés.

Il y a ici contravention manifeste aux art. et 2 de l'ordonnance du 22 mai 1843; des accidents

graves en ont été la suite , et pour réprimer les tentatives semblables qui se multiplient depuis un

certain temps, il est indispensable de faire un exemple, en sévissant contre qui de droit. Je pense, Monsieur le Préfet, qu'il y a lieu de faire mettre immédiatement sous les scellés, afin qu'on ne change rien à l'état actuel des choses toute la partie de l'établissement du, sieur Dumes-