Lettre sur une séance de l’Académie concernant l’île de Ténériffe. Discussion des mérites de MM Buch et Berthollet ; brouillon [Image 7]

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7/ musculaires au moins aussi sensible que celle du pic, ce qui me paraît difficile à admettre. M. de Buch figure ce terrain tout autrement. D'après sa carte, la pente depuis la crète du cirque jusqu'à Chasna doit être à-peu-près uniforme, et cette pente uniforme doit être, d'après ses données, de 14° 1/2. Cette version me paraît beaucoup plus rationnelle. Une pende de 14° 1/2 paraît encore très forte à l'oeil ; et j'ai d'autant plus lieu de croire que la pente réelle de la crète du cirque vers l'extérieur ne dépasse pas cette quantité, que dans la vue que M. de Buch a publié du pic et du cirque du côté de l'Est il ne donne à cette pente que 14°, et que je sais par expérience combien il est rare qu'en prenant des vues de montagnes on n'exagère pas les pentes, au lieu de les diminuer. D'après cela je conclus que si la hauteur et la répartition des pentes du Sombrerito sont telles que l'indique M. Berthelot, il est placé sur la carte trop près de Chasna, et que même en réduisant la hauteur du Sombrerito à celle que M. de Buch assigne aux points les plus élevés du cirque, on ne saurait réduire la distance indiquée par M. Berthelot entre cette montagne et Chasna. Quant à la distance de Chasna à la mer, il me paraît que M. Berthelot la suppose beaucoup trop petite. En effet, la hauteur de cette ville étant de 1302 m et sa distance horisontale à la côte étant supposée seulement d'une lieue et demie, ou de 8332 m, il en résulterait une pente moyenne de 8° 52', pente qui, malgré les accidents qui l'interrompent, me paraît excessive pour un ensemble de terres cultivées (1). Les terres cultivées qui couvrent les pentes inférieures de l'Etna et du Vésuve ne présentent que rarement une pente générale égale à la moitié de celle qui vient d'être mentionnée. MM. les Rapporteurs citent avec éloge sur la carte de M. Berthelot les ravins courts et encaissés de la bande orientale. L'encaissement de la partie inférieure de ces ravins est en effet très bien figuré ; mais quant à leur briéveté,

(1) L'inclinaison des parties les plus rapides de la rue de la montagne Ste. Geneviève, renommée dans Paris par la raideur, n'est guère que de 6° qui ne font qu'environ les deux tiers de 8° 52'. Sur cette pente de 8° 52', en la supposant uniforme, une voiture abandonnée à elle-même roulerait toute seule jusqu'à la mer, si elle n'était pas enrayée.