Annales des Mines (1842, série 4, volume 1) [Image 262]

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SUR LES SABLES DE MER

mencer les expériences déjà faites en les multipliant. Il serait de la plus haute importance pour les arrondissements d'Avranches et de Mortain,

et pour la plus grande partie du département d'Ille-et-Vilaine, dé trouver dans la baie du Mont-

Saint-Michel une source de calcaire, et surtout de calcaire hydraulique dont ces contrées sont totalement privées.

Enfin j'oserai, en terminant ce rapport, faire une observation qui ne me paraît pas sans impor-

tance. Après de nombreux tâtonnements, après beaucoup d'essais infructueux, grâce au génie et à la persévérance d'un illustre ingénieur, M. Vicat,

la théorie de la formation des mortiers hydrauliques et des pouzzolanes a reçu ses premiers fondements; mais cette théorie est encore loin d'être complète, et la pratique de son côté réclame vivement l'étude des propriétés spéciales aux matériaux des carrières de chaque département. Les travaux statistiques entrepris et poursuivis avec ardeur par M. Vicat peuvent bien servir de point de repère dans cette recherche; mais il est impossible qu'obligé de parcourir cinq ou six départements chaque année, cet habile ingénieur puisse explorer toutes les carrières, et prendre les échantillons de chacun des bancs qui les composent. J'en citerai un exemple assez sensible : pendant dix-huit mois que je passai clans le département de

Saône-et-Loire, chargé du service de l'arrondissement de Louhans, je m'occupai des études d'amélioration de la navigation de la Seille. Frappé des prix élevés du ciment de Pouilly et de la chaux hydraulique de Chagny, les seuls dont on fit usage

DE LA BAIE DU MONT-SAINT-MICHEL.

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dans cette localité, j'eus l'idée d'expérimenter les pierres calcaires des bords de la Saône, et notam-

ment celles des carrières de Prety, suées sur la rive gauche. je trouvai, en effet, plusieurs bancs qui contenaient jusqu'à 18 p. oio d'argile, et qui fournissaient, par la cuisson, un calcaire durcissant bien sous l'eau. Cependant quelques mois après parut, dans les Annales, la statistique de M. Vicat , relative au département de Saône-etLoire, où je vis avec étonnement un anathème prononcé contre les carrières des bords de la Saône. Certes si j'eusse connu cette statistique avant d'en-

treprendre les expériences, je n'eusse pas osé les faire, et cependant ces essais, plusieurs fois répétés, m'ont toujours conduit au même résultat. je me suis fort bien expliqué la raison de cette divergence, lorsque je sus que M. Vicat , en passant à Tournus, n'avait pris que des échantillons de la rive droite. Il me semble donc qu'il serait fort important de créer dans chaque département un laboratoire de chimie, composé uniquement de ce qui serait nécessaire à l'analyse des pierres calcaires et des

mortiers, c'est-à-dire quelques acides , un peu d'ammoniaque et de potasse, et un petit nombre d'ustensiles dont la dépense ne dépasserait Os la somme modique de 5oo fr. Le plus jeune des ingénieurs , comme ayant les considérations chimiques plus présentes à l'esprit- et plus d'habitude des

manipulations, serait généralement chargé d'analyser les échantillons que ses collègues et lui-même recueilleraient dans les -environs.

Je ne doute pas que de cette façon on ne par-