Annales des Mines (1841, série 3, volume 19) [Image 164]

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THÉORIES DE LA CÉMENTATION

qui font l'Objet de ce mémoire. Les théories que je viens d'établir comprennent tous les faits généraux qui résultent, dans les fourneaux à courant d'air forcé , de la réaction mutuelle du carbone et

de l'air atmosphérique, et notamment les influences récluctives et calorifiques exercées sur les

corps oxydés par les produits de cette réaction; ruais ces mêmes théories doivent être complétées dans chaque cas particulier par l'analyse méthodique de tous les faits relatifs aux autres agents introduits dans les fourneaux. Or, je le répète, ces fitits sont toujours fort compliqués, même dans les cas les plus simples en apparence, et le principal écueil contre lequel le métallurgiste puisse donner, est de méconnaître cette complication. Ainsi, par exemple, on peut conclure aisément de la nouvelle théorie des fourneaux de réduction, que la projection d'un air préalablement échauffé

doit, en amenant une plus rapide réaction de l'oxygène sur le carbone, agir dans le même sens que la projection d'un courant d'air forcé, c'est-àdire, contribuer efficacement à réduire la hauteur de la zone oxydante; qu'en conséquence ce réactif

doit, en général, être d'un emploi avantageux

dans cette classe d'appareils. Mais on s'exposerait à se tromper gravement si l'on voulait s'appuyer sur cette vue générale pour prédire les résultats que ce réactif devrait produire dans un cas dé-

terminé, ou pour recommander, ainsi qu'on l'a fait trop souvent, l'emploi de cet agent dans beaucoup de cas où l'expérience prouve chaque jour qu'il ne convient pas. 27, Simplicité de

C'est en se préoccupant sans cesse de l'extrême

moyens et CM- complication

des faits qu'ils ont mission d'inter-

ET DES FOURNEAUX A TUYÈRES.

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préter, et en ne se laissant pas abuser par la sim- plication (ver_ plicité apparente des phénomènes , que les métallurgistes parviendront à faire sortir la science de arts miiantirgi cet état d'impuissance où elle se trouve trop sou- lu". vent réduite, lorsqu'elle prétend à une action directrice dans les ateliers. La réunion d'une grande simplicité de moyens et d'une grande complication d'effets est peut-être la circonstance qui caractérise

le mieux la plupart des arts usuels et les arts métallurgiques en particulier. Ce fait résulte de

deux nécessités qui sont, pour ainsi dire, l'essence de l'industrie : 10 l'obligation d'inventer et de perfectionner sans cessé; d'ajouter une nouvelle combinaison à des combinaisons déjà connues, afin de satisfaire à la condition de profit ; 2 ° la convenance d'adopter seulement parmi tous les procédés que suggère le génie industriel, ceux qui étant simples en eux-mêmes , s'adaptent aisément aux méthodes

déjà usitées, de telle sorte que l'art soit toujours à la portée des ouvriers qui doivent le mettre en pratique, et ne les astreigne pas à un trop long apprentissage. Cette direction imprimée aux arts industriels mérite tout l'intérêt des savants et des philosophes : il faut considérer en effet que tant de procédés qui forment la base de la civilisation , ont

été découverts et se sont perfectionnés d'âge en âge par une méthode d'invention spéciale à l'industrie, et essentiellement différente de celle qui est propre aux sciences. Loin de s'être développés sous l'influence scientifique, les arts industriels ont

été, à beaucoup d'égards, le point de départ des

sciences d'observation ; et, aujourd'hui même, malgré l'impulsion qui leur a été donnée depuis trois siècles, la physique, la mécanique et la , ne peuvent encore expliquer la plupart des