Annales des Mines (1839, série 3, volume 16) [Image 319]

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SUR LA RÉDUCTION DES MINERAIS 624 On peut comparer ce qui se passe dans ces appareils avec les phénomènes que présente l'élaboration des minerais par la méthode catalane, et qui ont été décrits avec tant de précision par M. François. On voit se reproduire, au contrevent du foyer catalan, /es mêmes circonstances de vaporisation de l'eau, de réduction et de scorification que j'ai signalées du haut en bas de la cuve du fourneau. Dans le procédé catalan, le noyau métallique se forme au milieu d'une masse de scories chargées de protoxyde de fer, et cette circonstance s'oppose à la cémentation du métal. Dans le haut-fourneau, au contraire, le silicate de fer, qui s'est ramolli dans une certaine région de l'appareil, est décomposé à peu près complétement sous l'influence de la chaux et du charbon, et le fer réduit, ne se trouvant plus en contact qu'avec un silicate terreux, doit se carburer avec facilité. L'emploi de l'oxyde de manganèse dans le procédé catalan, qui permet d'obtenir des aciers naturels par la substitution de cet oxyde dans les scories au protoxyde de fer, forme la transition entre les deux procédés. L'imperfection inhérente au procédé actuel des hauts - fourneaux consiste dans le mélange de combustible et de minerai. Les gaz fortement échauffés et réductifs qui proviennent des parties inférieures du fourneau devraient perdre tout à la

fois, en s'élevant, leur chaleur propre et leurs principes réductifs , de manière à être froids et

complétement brûlés à leur sortie de l'appareil; L'hydroxyde de fer perd son eau à une température assez basse. D'un autre côté, le peroxyde de fer se transforme eu oxyde magnétique avec la plus grande facilité , et pourrait, par conséquent, dépouiller les gaz échauffés de leurs dernières

DANS LES HAUTS-FOURNEAUX.

625 parties combustibles. Mais en passant à travers un

mélange de charbon et de ruinerai , les gaz dissolvent à la fois de l'oxygène et du carbone, de façon qu'ils sont peut-être aussi riches en parties

combustibles, en sortant du gueulard, qu'ils le sont à la base de la cuve. La valeur calorifique que ces gaz peuvent développer par leur combustion re-

présente encore, dans les fourneaux dont l'allure est la plus économique, les 6o p. o/o de la chaleur totale que peut donner le charbon. Cette considération a déjà déterminé plusieurs métallurgistes à proposer la substitution d'autres appareils de fondage aux hauts-fourneaux actuels. La compagnie des usines d'Audincourt a fait, il y a quinze mois environ , l'essai d'un appareil imaginé par M. Page, directeur du haut-fourneau de Pont de Roide, et qui était destiné à fondre les minerais de fer. Il se composait de deux parties distinctes Fune,formée de deux troncs de cône accolés base à base à peu près comme les hauts-fourneaux actuels, recevait les minerais qu'on chargeait par la partie supérieure avec une faible proportion de charbon de bois. La colonne de minerai se terminait sur une sole peu étendue servant de creuset et pré-

cédée d'une grille que l'on maintenait constamment chargée de houille, et qui était traversée par un courant d'air forcé. On voit que, dans cette (lisposition, le combustible était à peu près isolé du minerai, et que le haut-fourneau servait de cheminée aux produits de la combustion. Ces essais ont été abandonnés, parce que la réduction des minerais était loin d'être complète. On obtenait des laitiers très-chargés de fer , et une quantité variable d'un métal fondu , assez analogue à l'acier de forge. Ces faits pouvaient être prévus, car il Tome XT7i, 1839. 4