Annales des Mines (1838, série 3, volume 14) [Image 221]

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BÉLIER HYDRAULIQUE

diverses hauteurs; mais, comme il y aurait une certaine quantité de force vive perdue par le jet sortant d'une mince paroi, il convient de le faire sortir graduellement évasé dans un ajutage dont la section de sortie sera beaucoup plus grande que la section d'entrée ( fig. 3). D'après les expériences connues suries a j utages, il semble difficile del e faire couler plein ; mais j'y parviens en le fhisant débou-

cher dans une capacité à dégorgeoir supérieur remplie d'eau, et dont les bords sont un peu plus élevés

que la section maximum de l'ajutage. Le courant d'eau qui traverse l'ajutage se trouve ainsi graduellement évasé le plus régulièrement possible, sans être divisé par l'air, et s'en dégage avec une vitesse presque nulle. Ce procédé permet de diMinuer chaque orifice latéral, ainsi que la perte de force vive à cette sortie de l'eau à chaque étage. Dans le cas où l'on serait obligé d'alimenter un certain nombre d'étages, on pourrait le faire d'une antre manière (fig. 4). Il suffit de pratiquer sur le tuyau d'ascension un orifice dont le plan sera in-

cliné sous un certain angle. Quand la section (1) de cet orifice, bien entendu en mince paroi, n'est pas trop grande relativement à la section du tuyau

l'ascension, le jet d'eau qui en sort s'élève dans l'air libre à peu près au niveau variable de la colonne oscillante à de grandes hauteurs au-dessus du réservoir de la source, et redescend avec elle. Ce phénomène vient, il est vrai, de la force vive emmaganisée dans la colonne horizontale, mais il n'y a cependant aucun choc, aucuneVariation brusque de vitesse. Or, pour verser l'eau à plu(1) Cette section est réglée d'après la longueur du tuyau de conduite toujours supposée assez grande.

A UNE SEULE SOUPAPE.

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sieurs étages, il suffit d'incliner le jet et de le faire passer sur un certain nombre de réservoirs dispo-

sés comme les marches d'un escalier. Chaque réservoir sera alimenté à son tour dans l'ascension et dans la descente; et pour régler la quantité d'eau reçue par chacun d'eux, on variera selon certaines lois le diamètre du tuyau d'as-

cension, afin de varier la durée du passage du jet d'un réservoir au suivant. Le centre de

gravité de l'eau dépensée par le jet d'eau oscillant retombera d'une hauteur d'autant moindre que les réservoirs étagés seront plus nombreux entre deux hauteurs données. On peut en disposer une partie au-dessous du niveau de la source. Il y a quelques circonstances où il serait utile de distribuer une masse d'eau à plusieurs étages, en perdant le moins possible de la hauteur de son centre de gravité. Bélidor en parle dans son Traité

des écluses. Quoique je n'aie pas l'intention de parler ici des écluses, pour donner un exemple quelconque de l'utilité d'une distribution d'eau à plusieurs étages, et avoir une occasion d'insister sur les propriétés du bélier univalve, je vais donner un document inédit suries dimensions du fameux sas de Bousingue. Ce document est extrait du Portefeuille de MM. de Caligny (i), conservé au dépôt desfortifications, et où se trouvent plus de cent de (1) Leur théorème sur les écluses accolées est resté dans

la science, quoiqu'il fût contraire aux idées de Bélidor et de la plupart des ingénieurs du temps. (Yoy. Gauthey commenté parNavier, t. III, p. 28.) Un des ouvrages dont il s'agit se trouve à la Bibliothèque royale dans la collection de ceux qui furent choisis par Fénelon pour l'instruction du duc de Bourgogne.