Annales des Mines (1836, série 3, volume 10) [Image 110]

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NOUVEAU ,PROCÉDÉ

Il me reste à parler maintenant des essai S tentés

dans les usines de Westpoint et de Stockbridge , aux Etats-Unis, que M. Michel Chevalier nous a fait connaître tout récemment (4rut. des mines, ir. liv. , 1836). Lorsque cet ingénieur visitait cette contrée de l'Amérique , on jetait dans les hauts-fourneaux de Westpoint et de Stockbridge une petite proportion de bois cru qui n'a jamais dépassé un tiers de la charge. Suivant M. Alger, directeur de l'usine de Stockbridge, fondée il y

a quelques années par un Français, M. Jacob Blum, deux cordes de bon bois, cubant 7,20 .mètres ou 256 pieds anglais, produiraient le même effet que ioo buschels de charbon ordinaire qui représentent 366 pieds cubes de bois'; or,

en supposant qu'on mit un tiers

de la charge en bois, il en résulterait une économie de un dixième seulement, sur laquelle il faudrait déduire la différence des frais de transport

entre le bois et le charbon de bois. D'un autre côté, si l'on considère, ainsi que l'a fait remarquer M. Kemble , directeur dé l'usine de Westpoint à M. Chevalier, que le principal avantage qui résulte de l'emploi du bois cru dans cette usine, tient à ce que, la carbonisation étant généralement très-mal conduite en Amérique, les charbons y sont de mauvaise qualité, et à ce que les minerais y étant très-réfractaires exigent un vent fort qui éparpille le charbon, tandis qu'avec l'emploi du bois l'air pénètre plus facilement et produit plus d'effet; on voit aussi que les avantages que procure l'emploi du bois dans cette localité tiennent principalement à la mauvaise

'qualité des charbons dont on fait usage, et

que, pour y obtenir des économies réelles, ce

DE CARBONISATION.

seroit surtout sur l'amélioration des procédés

de carbonisation qu'il faudrait porter son attention. D'ailleurs, en calculant la quantité de combustible consommée tant en bois qu'en charbon

de bois, elle reste, quoiqu'on y fasse usage

de l'air chaud, encore bien supérieure à celle qui est généralement consommée dans nos usines. Les bois dont on se sert dans les usines d'Amérique se composent d'essences mélangées, comme dans la plupart de nos usines; on choisit de préférence des rondins de deux à cinq pouces de diamètre, qu'on débite en morceaux d'un pied, quelquefois de deux pieds de longueur. D'après tout ce qui précède, on est forcé de reconnaître, relativement à l'emploi direct du bois, que la théorie est parfaitement en harmonie avec

les faits résultant de l'expérience , à savoir que l'emploi du bois cru ne peut offrir d'avantages véritables partout oit les usines marchent bien et avec toute l'économie possible, et que ceux que croient y trouver celles qui en font encore usage aujourd'hui, sont principalement:dus à ce que ces usines marchaient fort mal antérieurement , dépensant une quantité de combustible; qui atteignait dans quelques endroits le double. de la consommation ordinaire. On a aussi fait, dans ces derniers temps, dans quelques usines, des essais qui n'ont pas beaucoup mieux réussi, pour substituer le bois desséché au charbon de bois, j'en citerai, un exemple : M. DUplesSis.,. propriétaire de l'usine de Se-

veux (Haute-Saône), et certainement l'un des maîtres dé forges les plus éclairés et les plus progressifs de la Franche-Comté, avait d'abord, d'après ce que nous avions vu ensemble des essais