Annales des Mines (1836, série 3, volume 9) [Image 107]

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RECHERCHES

de l'Etna. Je fus obligé de me borner à considérer, vers le bord du massif de l'Etna , la ville de RanClazzo , l'emplacement du lac Gurrida Broute, et la coulée de lave encore fumante qui, au mois de novembre 1332, menaça d'engloutir cette dernière ville. Mes guides me montrèrent, sur le bord du Piano del Lago , à l'O. 44° N.., le point d'où cette lave avait commencé à couler. Un second point d'où elle coula ensuite avec plus d'abondance était situé plus bas dans la même di-

rection, mais il m'était dérobé par le bord du Piano del Lago, qui se projetait sur les talus latéraux au-delà du pied de la gibbosité centrale. Je descendis ensuite obliquement pour gagner le pied oriental du cône supérieur. Je traversai, chemin faisant, des arêtes de ce cône, dont la pente était de 32°; elles étaient couvertes de cendres, de lapilli et de blocs détachés. Quelques-uns de

ces blocs roulèrent sous mes pieds, et chacun d'eux, dans sa chute, en mit en mouvement plusieurs autres, dont le nombre s'accrut progressivement de manière à produire un véritable éboulement. Ce fait montrait assez clairement que la pente de 32°, que je venais de mesurer, touchait à la limite de celles qui sont susceptibles de se maintenir dans de pareilles conditions. Le Piano del Lago , que j'atteignis au pied O. S. O. du cône, présente de ce côté, comme dans presque toute son étendue une surface légèrement ondulée, couverte de cendres et de lapilli. Près du pied oriental du cône j'observai le point de sortie d'une lave qui, en 1754, a coulé sur le Piano del Lago , et est venue se bifurquer, ainsi que je l'ai dit plus haut, près de l'emplacement où s'élève aujourd'hui la Casa. Inglese. Quoiqu'elle n'ait pas

207 rencontré dans cette partie de son cours des pentes SUR LE MONT ETNA.

de plus de 60 , sa surface a pris l'empreinte du

plus violent tiraillement; elle est hérissée de cannelures longitudinales et de rides transversales. Sur la .surface du Piano del Lago, les voyageurs trouvent deux abris. L'un, très petit, nommé la Gratissima , a été bâti en i8o4 , par M. Mario Gemellaro , de Nicolosi, à qui la météorologie, la géologie et la botanique de l'Etna doivent un si grand nombre d'excellentes observations. L'autre abri est une véritable maison bâtie en 1811 sous la direction du même savant, des produits d'une souscription ouverte dans l'armée anglaise, qui occupait alors la Sicile, par lord Forbes, qui en avait le commandement. On a choisi pour l'établir la sommité d'une petite protubérance cou-verte de lapilli , sur laquelle est venue se bifurquer la lave de t 754, dont le bord la protége du côté du volcan.

Le cône supérieur actuel n'est que le résultat

des éruptions du siècle qui vient de s'écouler, car, au commencement du 18e siècle, le cône qui exis-

tait auparavant s'était éboulé, et le cratère, que je l'ai déjà dit, s'ouvrait sans aucun parapet au milieu du Piano del Lago. C'est depuis lors qu'il

s'est réédifié pour s'écrouler probablement un jour , peut-être même à une époque peu éloignée

de celle où j'écris. Les éboulements l'ont déjà

diminué, notamment celui qui, au mois de novembre 1832, a produit le second cratère à

la place. qu'occupait auparavant la pointe la plus élevée du bicorne. Le .cône supérieur, en même temps qu'il s'é-

croule par lambeaux, s'élève graduellement quoique dans une proportion à la vérité très-lente,