Annales des Mines (1836, série 3, volume 9) [Image 101]

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RECHERCHES

et dont les deux bras poursuivent, à

partir de là, sur la surface du Piano del Lago , des cours séparés, l'un vers l'E. et l'autre vers

le S.-E. Quoique cette lave ait coulé sur un

terrain très-uni, et incliné seulement de 4 à 6. , sa surface est extrêmement raboteuse, et la traversée en est assez pénible. Bientôt après nous commençâmes à monter les premières pentes du cône supérieur, que nous abordâmes par une partie déchirée, dont les anfractuosités présentent des pentes moins rapides que ne le sont les parties

régulièrement coniques. Au milieu des anfractuosités de ce terrain inégal, nous ne tardâmes pas à apercevoir , à la faible clarté d'un ciel étoilé,

un espace blanchâtre, qui semblait au premier abord couvert d'une petite couche de neige, mais qui réellement ne devait sa couleur qu'a l'altération des roches et à des efflorescences salines. Au milieu de cet espace nous distinguâmes en plusieurs points des flammes pâles et à peine lumineuses qui paraissaient sortir de terre. Nous nous

en approchâmes pour les observer , et même pour jouir de leur chaleur, car la température de l'air était presque à zéro : en un instant nous fûmes tous réunis autour de ces foyers naturels, dont la flamme sulfureuse, répandant sur nous une lueur livide, donnait véritablement au groupe que nous formions en nous chauffant l'aspect d'une

troupe de fantômes, plutôt que d'une réunion scientifique. Les flammes occupaient les orifices de plusieurs ouvertures irrégulières, larges d'un à deux mètres,

qui n'étaient que des élargissements d'une crevasse tortueuse. Elles étaient évidemment produites par un gaz qui se dégageait de cette cre-

SUR LE MONT ETNA.

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vasse, et qui ne trouvait qu'a sa sortie l'oxigène nécessaire pour sa combustion. La combustion avait lieu presque exactement dans le plan de la surface du sol. La flamme s'élevait rarement à un mètre au - dessus ; elle produisait un bruit un peu intermittent, assez analogue à celui d'un très-grand feu, plus exactement, à celui qu'on entend près des ou'buses d'un haut-fourneau dont la soufflerie est mal réglée. Les gaz produits par la combustion étaient tout-à-fait irrespirables; ils avaient une très-forte odeur d'acide sulfureux; on distinguait aussi quelques bouffées d'hydrogène sulfuré , mais je n'y ai jamais distingué l'odeur de l'acide hydrochlorique. Tout annonçait donc que la flamme était entretenue par un courant d'hydrogène sulfuré ; et plus tard, lorsque le soleil éclairait la montagne, on voyait un long nuage bleuâtre partir de ce point de sa surface. Les efflorescences blanchâtres qui couvraient le sol aux alentours avaient une saveur très-styptique : c'étaient évidemment des sulfates. Le crépuscule qui commençait à paraître nous

fit abandonner cette première station, et nous gravîmes la pente extérieure du cratère. Avant que le jour fût complet, nous atteignîmes le point le plus haut de ce qui reste aujourd'hui de la cime naguère la plus élevée. Ce fut pour nous tous un moment de surprise assez difficile à dépeindre nous nous trouvâmes à l'improviste, non au bord

du grand cratère, mais au bord d'un gouffre

presque circulaire, d'environ 8o à 100 mètres de diamètre, qui ne touche au grand cratère que par une petite partie de sa circonférence. Ce gouffre occupe exactement la place de la cime dont M. W.

Smyth et M. John Herschel ont mesuré la hau-