Annales des Mines (1830, série 2, volume 8) [Image 120]

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SUR L EVENEMENT

cent vingt heures sans prendre de nourriture et' après être restés enfermés pendant cent trentesept heures. Les travaux à l'aide desquels on a cherché à dans l'épuisement les secourir ont consisté : 2'. dans des recherches au moyen des eaux ; c'est ce dernier

d'une galerie et de sondages moyen qui a sauvé la vie de ces huit ouvriers. Les détails exposés dans ce rapport prouvent que le premier moyen ,- consistant dans l'épuisement des eaux, n'eût pu parvenir à ce but ; car, malgré l'activité qui a été mise à exécuter cet épuisement, il n'eût été tout .au plus possible de pénétrer dans la couche supérieure par la galene de communication entre les deux couches que le lundi 14, époque à laquelle les huit hommes auraient été trouvés morts, soit exténués par la faim , soit plutôt asphyxiés par le mauvais

air qui occupait les travaux dans lesquels ils étaient enfermés. Voici les noms de ces huit ouvriers si heureusement arrachés à la mort Claude Féréol , âgé de quarante-deux ans, marié, ayant trois enfans;

Pierre Tessot , âgé de trente-sept ans, marié, ayant trois enfans; Jean Tessot , âgé de quarante-six ans , marié, ayant trois enfans ; Antoine Chauvet , âgé de trente et un ans, ma-

rié, ayant trois enfans;

Antoine Dumas , âgé de trente-trois ans , marié, ayant deux enfans et sa femme enceinte de neuf mois ;

Denis Brun, âgé de vingt deux ans, veuf, ayant un enfant

nu 13ois-iitoiNizita

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François Sagnol , âgé de vingt-six ans, garçon ; Pierre beraud , âgé de vingt-deux ans, garçon.

Ces huit hommes ont été transportés le 8 f& vrier, le lendemain du jour de leur délivrance, à l'hospice deSaint-Étienne , par les soins de M. le sous-préfet. Ils en sont sortis le 17 du même mois pour retourner à leurs travaux; leur santé a toujours été assez bonne. Nous les avons visités plusieurs fois , et nous avons recueilli de leur

bouche, sur ce qui s'est passé pendant leur

cruelle captivité, des renseignemens que nous ne pouvons nous défendre de placer ici. Ainsi que nous l'avons dit, les ateliers où travaillaient ces ouvriers se trouvaient au dessus du niveau que les eaux ne tardèrent pas à occuper ;

ils n'avaient aucun moyen de s'échapper. L'un d'eux cependant , Claude Féréol, voulut essayer de se sauver à la nage ; mais heureusement il fut retenu de force par François Sagnol et par ses autres camarades , qui lui (firent : Autant mourir iCi que dans l'eau,.

Quelques unes de leurs lampes n'avaient pas été éteintes par l'agitation de l'air ; mais les mofettes qui se répandirent dans ces galeries à la suite de l'irruption des eaux ne leur permirent dé les conserver allumées que pendant deux heures : on pourrait s'étonner, d'après cela , aient vécu aussi long-temps. Toutefois, il faut observer que ces mofettes 'se composaient principalement d'acide carbonique , et que celui-ci par suite de l'abaissement des eaux et de l'état d'équilibre qui dut succéder à l'agitation des divers gaz , vint occuper la partie inférieure de la couche en laissant les ouvriers, placés à l'autre extrémité , dans un air encore respirable. Cet air