Annales des Mines (1823, série 1, volume 8) [Image 182]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

SUR LES DÉPÔTS FERRUGINEUX, etc.

SUR les dépdts ferrugineux que forment les

eaux minérales et sur l'ocre jaune ;

FAR M. P. BERTHIER , Ingénieur en chef au Corps royal des Mines. -

ON voit, par l'article précédent, que M. Davy. admet que les dépôts ferrugineux que forment les eaux Minérales, sont des combinaisons d'oxide de fer et de silice, combinaisons qui , selon lui,

préexistent dans les eaux, et que l'ocre jaune est absolument de même nature. Ces assertions ne me paraissent pas exactes; je vais faire connaître les motifs sur lesquels je fonde mon opinion. Je pense, avec M. Davy , qu'il est probable que le fer est à l'état de protoxide dans les eaux minérales, et que ce métal se suroxide à mesure qu'il s'en sépare ; mais tout me porte à croire que le protoxide est combiné avec l'acide carbonique et non pas avec la silice : en effet on ne connaît pas de silicate de fer soluble , et, s'il en existe il n'est pas vraisemblable qu'une, pareille combinaison puisse subsister dans une dissolution qui renferme un carbonate alcalin. La circonstance qui détermine la précipitation de la silice et de l'oxide de fer, est la dispersion de l'acide carbonique, occasionnée soit par le contact de l'air, soit par l'ébullition; il est donc très-probable que c'est à la faveur de cet acide que ces deux substances sont tenues en dissolution dans l'eau; mais la silice et l'oxide de fer ne se déposent pas simultanément, comme cela devrait être, si ces matières étaient combinées l'une avec l'autre. Ou remarque toujours au contraire que lés dépôts qui se for-

557

ment dans les bassins mêmes des sources sont composés presque uniquement d'oxide de fer: .tandis que ceux que l'eau produit après qu'elle

a parcouru une certaine distance, contiennent

souvent une grande quantité de silice sans trace d'oxide de fer, ou sont même quelquefois mêlés d'amas tuberculeux de silice à-peu-près pure, comme au Mont-Dore (Ann. des .71L,t.VII, p. 2o6);

les dépôts intermédiaires renferment des proportions d'oxide de fer et de silice variables à l'infini. M. Davy a recueilli à Lucca ub dépôt composé 'd'environ 4 d'oxide de fer sur 3 de silice ; quand

une eau minérale contient beaucoup plus de silice que d'oxide de fer, par exemple vingt fois

plus, comme l'eau du Mont-Dore, s'il y avait combinaison entre les deux substances, les dépôts les moins siliceux devraient l'être au moins autant que celui de Lucca , et cependant la matière qui s'amasse autour du Puits-de-César ne renferme que 12 de silice sur 63 d'oxide de fer. Enfin, j'ajouterai que dans les concrétions calcaires qui s'accumulent autour des sources minérales , la silice est hors de toute .combinaison, .mais dans un état tel qu'elle se dissout avec la plus , grande facilité dans les alcalis par voie humide ,. comme celle qui fait partie des dépôts ferrugineux: cet état ne prouve donc pas que la silice soit combinée avec l'oxide de fer dans ces dépôts. M. Proust ayant annoncé qu'il regardait l'ocre jaune comme une argile colorée par de l'hydrate de fer, sa manière de voir a été généralement admise, jusqu'au moment où M. Berzelius a avancé que ce minéral est une combinaison triple de si-