Annales des Mines (1907, série 10, volume 6, partie administrative) [Image 75]

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SUR .LES MINES, ETC.

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LOIS, DECRETS ET ARRÊTÉS

réservoirs par de l'oxygène, ainsi que celle d'augmenter l'approvisionnement d'air ou d'oxygène par la compression de ce gaz dans des réservoirs suffisamment résistants ; 3° Un appareil à tubes respiratoires adaptés à des soufflets et à des tuyaux de conduite d'air. La circulaire ministérielle accompagnant cette instruction engageait les exploitants de mines à se procurer plusieurs de ces appareils et à les tenir constamment en état de servir. L'appel de l'administration ne fut sans doute guère entendu. Un rapport dé M. Callon sur un appareil respiratoire présenté par M. Galibert, rapport inséré dans le tome V de la sixième série des Annales des mines, 18(54, indique très justement l'analogie entre l'appareil Galibert à tube respiratoire débouchant soit à l'air libre, soit dans un réservoir fixé sur le dos du sauveteur, et les appareils préconisés dès 1824. A M. Galibert parait appartenir l'idée nouvelle de la circulation de l'air et de sa régénération partielle par le passage sur une substance propre à retenir l'acide carbonique expiré. M. Callon exprimait l'avis qu'un réservoir de 50 litres d'air permettrait de respirer pendant quinze ou vingt minutes. En 1870-71, l'aérophore Rouquairol-Denayrouse fit usage d'un réservoir d'air en tôle d'acier, porté soit à dos, soit sur un chariot de secours, et capable de résister à une pression de 30 atmosphères, d'un pince-nez et d'une embouchure avec régulateur de pression. Une nouvelle instruction ministérielle du 6 décembre 1872 recommanda aux exploitants l'emploi de l'un ou de l'autre de ces appareils et indiqua la possibilité de les imposer par voie d'injonction préfectorale. Peu après, on vit apparaître les appareils Fayol avec leurs divers types : appareil à pince-nez, à embouchure à deux soupapes et à tube respiratoire débouchant à l'air libre ; appareil à réservoir portatif en forme de soufflet fournissant l'air nécessaire à la respiration et alimentant une lampe, indiqué comme pouvant servir de douze à quinze minutes ; appareil à réservoir portatif également en forme de soufflet, régulièrement alimenté d'air frais par une pompe à laquelle il est relié par un long tuyau. Dans l'espoir de réaliser des appareils peu sujets à se déranger, M. Fay.d avait renoncé à l'emploi de l'air comprimé. Le principe de la revivification de l'air, au moyen d'un réservoir d'oxygène et du passage de l'air expiré clans un autre réservoir rempli de pierre ponce imbibée d'une solution de potasse

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caustique,fut appliqué parle docteur Regnard vers 1884, dans un appareil portatif individuel construit pour la commission du grisou. L'écueil commun à tous ces appareils naît, comme le dit très justement Raton de la Goupillière dans son Cours d'exploitation, « de la rareté même de leur emploi. Au moment décisif, les organes ne fonctionnent plus, et les hommes manquent d'aptitude à s'en servir ». Aussi les appareils respiratoires qui avaient été sérieusement essayés de 1873 à 1880 aux mines de Commentry, sous l'inspiration directe de M. Fayol, ont-ils peu à peu cessé d'y être employés; des moyens de lutte plus puissants contre les feux ont été imaginés et perfectionnés, et les progrès de la technique minière ont rendu très rares les occasions de recourir, pour des sauvetages, aux appareils respiratoires conservés cependant en bon état d'entretien. Aux mines de Decazeville, où les feux étaient autrefois si fréquents et où il faut être constamment prêt à les combattre dès qu'ils commencent, on a adopté une organisation très complète pour lutter rapidement contre eux, et l'on entretient en parfait état de service quelques appareils respiratoires. Il résulte d'indications données à la commission que, dans certains cas, ces appareils ont été transportés à proximité du chantier du feu ; il ne semble pas qu'il en ait été autrement fait usage. Tandis que, pour le motif indiqué ci-dessus et aussi, il faut le dire, parce que les appareils préconisés avaient le tort grave ou de ne pas donner aux sauveteurs une indépendance suffisante (appareils à tuyaux) ou de n'assurer la respiration que pendant un temps trop limité (appareils portatifs), l'usage des appareils respiratoires, tant pour les sauvetages que pour la lutte contre les feux, tombait de plus en plus en désuétude en France, la question était reprise dans les dernières années du xix° siècle 'en Autriche et en Allemagne, où on s'est attaché à construire des appareils réellement capables d'assurer la respiration pendant une heure environ. En France, le lieutenant Vanginot, du corps des sapeurs-pompiers de la ville de Paris, a fait construire et mettre en service un appareil à air comprimé sans régénération dont la durée d'utilisation paraît approcher d'une heure, mais n'a pas encore été déterminée par des expériences pratiques suffisamment probantes.