Annales des Mines (1901, série 9, volume 10, partie administrative) [Image 84]

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CIRCULAIRES.

CIRCULAIRES

ET

INSTRUCTIONS

ADRESSÉES

AUX

PRÉFETS,

AUX

CHEMINS

DE

INGÉNIEURS

DES

MINES.,

ETC.

FER. — MATÉRIEL ROULANT.

Instructions du ministre des travaux publics à M. Lax, inspecteur général des pon ts et chaussées, président de la commission chargée de codifier les cahiers des charges pour la fourniture du matériel roulant des chemins de fer cl d'unifier les types du matériel (*). Paris, le 16 mai 1901.

Par décision du 4 mai dernier, en vue d'arriver à une unification aussi complète que possible du matériel roulant en usage sur nos chemins de fer français, j'ai institué une commission chargée de codifier les cahiers des charges en vigueur sur les divers réseaux pour la fourniture des métaux et matières entrant dans la constitution du matériel et de proposer, surtout pour les machines locomotives, les données caractéristiques des divers types auxquelles les Compagnies devront se conformer, pendant une période à déterminer, pour leurs demandes d'autorisation de construire. Je vous ai désigné pour diriger les travaux de celle commission dont j'attends de très heureux résultats et qui devra s'éclairer sur tous les besoins en entendant les compagnies et les industriels. Je crois indispensable, avant qu'elle commence ses travaux, de vous indiquer dans quel esprit je l'ai instituée, en vous rappelant la situation économique de nos chemins de fer.

(*) Cette commission est composée de MM. Lax, inspecteur général des ponts et chaussées, président; Worms deRomilly, inspecteur général des mines ; Lechatelier (Henry), ingénieur en chef des mines ; Résal, ingénieur en chef des ponts et chaussées ; Chesneau, ingénieur en chef des mines : Mussat, ingénieur en chef des ponts et chaussées, secrétaire ; Nadal, ingénieur des mines; Bernheim, ingénieur des mines, secrétaire adjoint avec voix consultative.

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dans ces dernières années, et de préciser ainsi la portée de ma décision. I. — Dès la fin de l'année 1897, et surtout à partir de 1898, une crise a commencé à se dessiner, qui n'a pas tardé à devenir très grave. L'activité commerciale et industrielle, se développant avec une exceptionnelle rapidité et multipliant, les transactions, donnait lieu à des transports auxquels les voies ferrées ne pouvaient plus suffire. Le tonnage, qui avait augmenté de 7 millions de tonnes durant les quatre années 1890-1894, de 2 millions en 1895, de 3 millions en 1896, accusait un accroissement de plus de 4 millions en 1897, de plus de 6 millions en 1898 et de plus de 6 millions encore en 1899. C'est alors que, de tous côtés, s'élevèrent dans le public des plaintes qui n'étaient que trop justifiées. Surpris-par ce brusque mouvement qu'ils n'avaient pas su prévoir, nos réseaux, par suite de l'insuffisance de leur matériel roulant, se trouvaient dans l'impossibilité d'y satisfaire. Dans beaucoup de gares, les marchandises s'accumulaient sans être enlevées, l'exploitation des lignes subissait des irrégularités fâcheuses, les délais de livraison s'allongeaient d'une manière excessive, les vitesses commerciales diminuaient, les retards des Irains étaient constants; on sentait partout une gêne qui apportait des entraves sérieuses au courant des affaires. Je me hâte' de reconnaître que la crise n'existait pas uniquement chez nous. Dans tous les pays, pendant ces mêmes années, elle a sévi avec une intensité plus considérable encore. En Belgique, il a été constaté que, à un certain moment, les mines n'avaient vu satisfaire que le tiers de leurs demandes de matériel. Près de 200.000 wagons, en Allemagne, ont, pendant une saison, manqué aux expéditeurs.. En Italie, il a fallu autoriser la compagnie de la Méditerranée à louer des voitures à l'étranger. Il n'y a pas jusqu'à l'Amérique qui ait souffert, et les Etats-Unis ont dû, pour parer à la pénurie de leur matériel, relever les tarifs du transport des grains vers l'Est. Le mal a été absolument général. Déjà, pour y remédier, des mesures importantes ont été prises. Par la création de gares de triage nouvelles, par l'établissement de voies de débord ou de garage, par l'accélération des chargements et des déchargements, on est parvenu à diminuer la durée de rotation du matériel et à accroître sa puissance d'utilisation. Le système des trains de messageries à grande vitesse a été développé. Toutes les dispositions propres à réduire ou éviter les retards ont été mises en vigueur : la plus grande vigilance n'a