Annales des Mines (1881, série 7, volume 10, partie administrative) [Image 122]

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tité de gaz soit nécessaire pour les rendre véritablement explosibles. Il est incontestable qu'à elles seules elles donnent lieu à des inflammations se rapprochant plus ou moins des explosions de gaz (*). Elles pourraient ainsi au moins porter à distance le feu à des amas essentiellement explosifs, si elles étaient allumées par des coups de mine, de même qu'elles peuvent concourir à propager des accidents de grisou proprement dit. Quant à l'allumage au moyen de l'électricité, nous croyons qu'il ne doit pas faire l'objet de prescriptions absolues. Cette mesure, qui peut parfois présenter des difficultés d'application, ne serait pas, du reste, un moyen préventif assuré contre tout accident, si les chantiers où s'opère le tirage ne sont pas complètement exempts de danger, ainsi que tout le quartier avoisinant, l'inflammation qui pourrait s'y produire serait susceptible dese propager jusqu'au point même où les mineurs se croient à l'abri, sinon de donner lieu à des catastrophes générales. 11 faut toujours se défier des imprudences et prendre garde que l'allumage à distance, inspirant une confiance trop grande aux ouvriers, ne leur fasse négliger la vérification minutieuse des chantiers. Cette vérification est le point essentiel; le tirage ne doit avoir lieu, on ne saurait trop le répéter, qu'en l'absence constatée de tout danger. Ce n'est que dans des cas exceptionnels, pour des travaux qu'exigerait la sûreté même de la mine, qu'on pourrait admettre l'emploi de la poudre ou de la dynamite, malgré la possibilité de la présence d'une certaine quantité de gaz à proximité du point où se fait cei emploi, sous la réserve des précautions spéciales d'allumage à distance par l'électricité lorsque les ouvriers sont sortis delà mine (**). (*) Il est aisé de comprendre qu'un simple mélange d'air et de poussières charbonneuse?, quel que soit l'état de ténuité de ces poussières, puisse différer notablement du grisou, comme composé explosible. Indépendamment de la différence de combustibilité du charbon et du grisou, indépendamment aussi de la différence des quantités do chaleur dégagées dans leur combustion, on n'apas, dans un mélange pareil, la continuité que présentent les mélanges gazeux : les particules combustibles restent toujours à des distances relativement considérables ; mais une addition de gaz, môme en très faible proportion, peut changer beaucoup les conditions de la combustion. Tous les mélanges de charbon et d'azotate de potasse ne constitueraient point des poudres; une certaine quantité de soufre est nécessaire pour les compléter, en modifiant ainsi la combustion. Ajouté en proportion suffisante aumélango d'air et dépoussières charbonneuses, le gaz aura un effet d'autant plus puissant qu'il pourra déterminer un entraînement analogue à celui qui résulte de l'introduction des explosifs à détonation rapide dans les mélanges à inflammation plus lente. (**) Le travail de Moutceau-les-Mines, cité par M. Burat, rentrait dans ce

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L'aérage, dont M. Burat ne s'est occupé qu'en passant, dans sa note, pour signaler la nécessité d'une énergique ventilation et recommander la ventilation mécanique, l'aérage doit, avec la surveillance générale de la mine au point de vue du grisou, ainsi que le montrent les divers exemples que nous avons donnés, figurer aux premiers rangs dans la réglementation. Il doit être l'objet de dispositions minutieuses, soit en ce qui concerne les moyens mêmes de ventilation, destinés à assurer à la mine un volume d'air suffisant, soit en ce qui concerne la distribution de cet air à l'intérieur et tous les détails de l'assainissement des divers ouvrages (*). L'organisation de l'aérage ressortit à la direction supérieure de la mine; mais les divers agents de l'exploitation, les chefs ouvriers et les ouvriers, ont à remplir des devoirs spéciaux qui doivent être définis d'une manière précise, comme nous l'avons vu dans divers règlements français ou étrangers. Il faut prévoir la tenue régulière de plans d'aérage portant tous les détails de la marche des courants; des jaugeages périodiques soignés sur des points déterminés des courants principaux; des observations anémométriques plus sommaires à certains points de répartition de ces courants, au moyen d'instruments simples et susceptibles d'être mis entre les mains des chefs ouvriers et surveillants, donnant au moins des évaluations approximatives (**) ; des observations thermométriques et barométriques à la surface cas. Nous ne parlons pas, d'ailleurs, du tirage dans les foncements de puits, et dans les grands percements, où l'allumage par l'électricité rend de très grands services. (*) Il s'agit ici de la répartition des courants entre les divers quartiers; des mesures à prendre pour rendre ces courants ascensionnels, particulièrement dans les régions où se produisent des dégagements do grisou, pour porter directement l'air pur vers les chantiers à aérer sans déperdition dans les vieux travaux, pour chasser efficacement le grisou, grâce, d'une part, à l'état des parois des ouvrages, en évitant les anfractuosités où il pourrait rester confiné et, d'autre part, aux dispositions propres à en assurer l'entraînement. On sait que cet entraînement ne s'effectue pas toujours facilement. Il faut tantôt porter le courant contre les parois du chantier pour balayer le gaz, tantôt provoquer le mélange, du gaz avec l'air par une sorte do brassage, en déterminant des remous dans le courant. Il convient que les règlements ou ordres de service intérieurs contiennent des instructions suffisantes sur tous ces points. ; (") Ces instruments, tels que les pendules, peuvent être gradués en indications anémométr iques, par une comparaison préalable avec un anémomètre. On peut aussi employer des appareils avertisseurs, comme il en a été proposé, mettant en jeu une sonnerie électrique, soit que cette sonnerie commence à marcher, soit qu'elle cesse au contraire de se faire entendre lorsque la vitesse du courant d'air descend au-dessous d'une limite donnée.