Annales des Mines (1816, série 1, volume 1) [Image 206]

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SUR LE GABBRO.

les deux substances dont cette roche est composée. Depuis lors; M. Haüy a réuni le jade ou feldspath. Quelques minéralogistes ont regardé comme devant avoir lieu une semblable réunion entre la smaragdite ou diallage et l'amphibole;

d'autres veulent séparer la diallage verte de la diallage métalloïde, Tour en former deux espèces. M. de Buch croit que les caractères extérieurs du jade, et sur-tout son analyse chimique faite par M. Théodore de Saussure, et répétée

par Klaproth, ne permettent pas de le réunir

au feldspath tant qu'on ne l'aura pas rencontré cristallisé en formes qui .démontrent cette réU7

nion nécessaire. Il croit aussi que le clivage et toutes les observations faites jusqu'ici tendent 'ii faire réunir la diallage métalloïde avec la diallage verte, comme à séparer la première de la hornblende , et la seconde du sthralstein ; qu'ainsi il est convenable de conserver les deux espèces telles 'que Saussure les a déterminées. Son giseQuelque répandus que fussent les locs de nient da" gabbro dans tout le pa s et aux envi1 es Alpes et I a Suisse.

rons de Genèv connaissait point le gisement de cette- roche dans 'l'intérieur des Alpes de la Suisse. En 1807, M. Struve et M. de Buch

ont retrouvé dans la vallée de Saas , et près du village de ce .nom ( dans le haut Valais ) , une énorme quantité de ces maries blocs, amenés par tous les glaciers qui descendent des environs

du Mont-Rose; et en montant au glacier

Mont-More, par le chemin de Macugyzaga à la vallée d'AnzaSca , ils ont trouvé le gabbro en place avant d'atteindre le glacier. Le jade est d'un gris blanc, entièrement ,semblable à celui du pays du Vaud, et la diallage d'un beau'

SUR LE GABBRO.

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vert, en morceaux qui ont souvent plus d'un demi-pied de longueur; la roche contient aussi une assez grande quantité de petites feuilles de talc, de l'actinote en petits faisceaux rayonnés, et des grenats rouges. Le gabbro repose là sur le micasehiste , et paraît constituer le sommet de

toute la crête qui descend du Mont-Rose, et sépare la vallée de Saasde celle de Saint-Nicolas jusques auprès de Stalden, où elle forme comme

un énorme cap ; ce terrain a aihsi plusieurs milliers de pieds de hauteur, et deux ou trois

milles allemands de longueur. On ne trouve point

de serpentine avec le gabbro dans la vallée de Saas, mais bien dans celle de Saint-Nicolas. On

sait aussi, par Saussure, que les hauteurs du Mont-Cervin et la pyramide de .Breithorn sont formés de serpentine. Dans les montagnes des Grisons, une chaîne qui descend du mont Cirnult ou Salarnont, et qui sépare la vallée de Ju/ier de la vallée d'Err, paraît formée en grande partie de serpentine et de gabbro, qui repose sur le schiste primitif, et qui constitue une formation particulière très - caractérisée et très-étendue. Long - temps avant Saussure le gabbro était

Gabbro

Connu des artistes. Le grand-duc Ferdinand de cd'sresine' Médicis en a fait trausporter, en 1604, une grande

quantité de blocs de Corse à Florence, où il a reçu le nom de Verde d Corsica, et où, sous les formes les plus variées, il orne la chapelle Laurentine; mais on n'en a plus fait revenir, on a oublié le lieu précis de son gisement, et ce n'est qu'il 3aa peu d'années que M. Muthuon et M. ingénieurs français, l'ont reRampasse' trouvé d'abord en gros blocs, près du village .de Stazzona, au nord -ouest de Corte, et en-

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