Annales des Mines (1870, série 6, volume 9, partie administrative) [Image 142]

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ENQUÊTE OFFICIELLE SUR LA CONDITION DES OUVRIERS

mère a péri par accident, mais seulement, dans le dernier cas, lorsqu'ils ne possèdent plus leur père, ainsi qu'aux jeunes frères et sœurs dont l'ouvrier défunt était l'unique soutien. « Ces pensions et secours sont accordés sur les bases suivantes : « Les ouvriers infirmes reçoivent n francs par mois, lorsqu'ils sont âgés de moins de 70 ans, et i3 francs lorsqu'ils ont dépassé cet âge; « Les ouvriers mutilés par accident sont rangés dans trois catégories, selon la gravité des blessures: « Pour la première catégorie, la pension est Gxée à 10 francs par mois, pour la seconde à i5 francs et pour la troisième à 20 francs. « La pension accordée aux veuves est de 10 francs par mois, lorsqu'elles sont âgées de moins de 15 ans, de 12 francs lorsqu'elles ont de 45 à 60 ans et de rif francs lorsqu'elles ont plus de 60 ans. Elles reçoivent, en outre, 4',5o pour chaque enfant au-dessous de 12 ans. « Les pensions des ascendants sont réglées sur le même pied que celles des ouvriers infirmes. « Le taux des pensions est, on le voit, assez modique. Quelque louable que soit le désir de consolider la situation de la caisse par l'augmentation du fonds de réserve, il ne faut pas cependant l'exagérer au point de faire dévier l'irir stitution do son but. Or il est presque dérisoire d'accorder à un ouvrier mutilé de la troisième catégorie, dans laquelle on range ceux qui sont tout à fait incapables de travailler, une pension de 20 francs par mois, soit of,66 par jour, pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. Si les ressources de la caisse ne lui permettaient pas d'être plus généreuse, on devrait aviser au moyen de les augmenter, comme elle l'a déjà fait: en i865, en décidant do porter la cotisation dos exploitations associées de 1 à 1 1/2 p. 100 du montant des salaires ; mais, aujourd'hui que la caisse compte trente années d'existence et qu'il y a lieu de considérer la. progression des charges comme réduite au seul terme résultant do l'extension de l'industrie minière, extension qui augmente égaloment les ressources, que le fonds de réserve a atteint la somme de 1.200.000 francs environ, et que les revenus de la caisse lui laissent chaque année un boni important, il semble que, sans compromettre sa situation et sans avoir besoin d'appeler de nouveaux fonds, elle pourrait augmenter le taux des secours, du moins à l'égard de certaines catégories de pensionnaires, dont la position est exceptionnellement malheureuse. « Quelques sociétés accordent des pensions supplémentaires aux vieux ouvriers qui leur ont rendu de longs services. Lo montant de ces pensions est quelquefois prélevé sur les fonds de la caisse de secours, ce qui peut paraître un abus. »

A défaut des caisses patronnées par l'État, les sociétés métallurgiques Cockerilt et de la. Vieille-Montagne ont créé des caisses spéciales de prévoyance, qui accordent des secours aux invalides, aux vieillards et aux familles des ouvriers morts par suite d'accidentou même demaladie, ce quene faitpaslacaisse générale. «Celle

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DANS LES MINES ET USINES DE BELGIQUE..

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de la Vieille-Montagne reçoit de la Société une subvention égaie au produit des retenues sur les salaires; elle est administrée par un comité central, assisté, pour les divers établissements, de commissions permanentes dans lesquelles on a laissé une large parc d'intervention, à lfouvrier lui-même.. C'est là un bon exemple à suivre. La chambre de commerce de Mons, en effet, a proposé d'appeler un plus grand nombre de délégués des ouvriers dans les comités d'administration des caisses de prévoyance, et de distribuer à profusion un résumé clair et succinct de tout ce qui a été fait depuis leur fondation. " ,ïe suis d'avis,—ajoute l'ingénieur principal du Borinage,. — que l'administration doit souscrire à ces vœux et les appuyer. Les opérations de la caisse de prévoyance ont été, tout récemment encore, dans les meetings du Borinage, l'objet de telles attaques, que je crois qu'il serait bon de donner plus de publicité à ces comptes rendus et de distribuer parmi la classe ouvrière, ou-d'afficher, à sa portée, un bilan annuel des opérations de cette caisse, qu'elle a, comme bailleur de fonds, droit de connaître et dont elle ne pourra ainsi nier les bienfaits. »• Les mêmes observations s'appliquent à la direction dès caisses de secours particulières établies auprès de toutes les exploitations, pour procurer des soins aux ouvriers blessés et malades, jusqu'à leur guérison, et jusqu'à l'expiration du délai requis pour participer à la caisse générale de prévoyance : « Je me plais à croire, — dit l'ingénieur principal de Charleroi,.— que les caisses de secours sont paternellement administrées par les sociétés industrielles. Cependant j'aimerais mieux les voir régies, comme les caisses de prévoyance, par des statuts et administrées par un comité dont feraient partie un certain nombre d'ouvriers. Je sais bien qu'au fond, c'est l'exploitant qui alimente ces caisses et que l'ouvrier, dans son ignorance, ne considèro comme salaire que l'argent qu'il reçoit; je sais bien aussi qu'en entrant dans un èlablissement, l'ouvrier est ceusé connaître et accepter les choses établies, il n'en est pas moins vrai que, dans la forme adoptée, on peut dire que le- msources sont constituées par des retenues sur le salaire. « L'admission de l'ouvrier dans l'administration de ces caisses aurait pour but de faire taire les attaques dont ces institutions sont aujourd'hui l'objet, soit de la part d'un certain public, soit de la part de la classe ouvrière ellemême ; elle pourrait, en outre, contribuer à l'instruction et. à l'éducation de l'ouvrier, l'initier à la vie administrative et sociale, lui donner des idées d'ordre et d'économie, le retirer de l'isolement dans lequel il se meut, le relever vis-à-vis du public et de ses semblables, lui faire apprécier l'utilité et les bienfaits de ces associations, en un mot, le former comme homme et comme citoyen, et l'attacher davantage à l'industrie et aux institutions du