Annales des Mines (1870, série 6, volume 9, partie administrative) [Image 99]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

10,8

ENQUÊTE OFFICIELLE SUR LA CONDITION DES OUVRIERS

du soir, les coupeurs de voie descendent le plus souvent dans l'après-dîner, au retour des piqueurs, vers trois ou quatre heures de relevée, pour remonter entre dix heures et minuit, après un travail de huit heures et moins, tandis que les ouvriers de nuit, pour le transport des déblais, descendant vers cinq ou six heures du soir, ne sortent guère que le lendemain, à l'arrivée du poste de traînage de jour. Pour les travaux préparatoires et extraordinaires, la durée des postes est habituellement de huit heures, comme dans le pays de Liège; ils se relèvent à six heures du matin, deux heures et dis heures du soir. Dans les travaux les plus difficiles, elle est réduite à six heures, quelquefois même à quatre. A la surface, la régularité est plus grande; la durée du travail est toujours de douze heures, même pour le poste de nuit, qui m comprend guère que les ouvriers strictement nécessaires au service des machines et les manœuvres de l'orifice du puits. A cet égard, l'ingénieur principal de l'arrondissement du couchant de Mons (Borinage) signale l'utilité d'une réduction pour quelques-uns d'entre

DANS LES MINES ET USINES DE BELGIQUE.

199

ils ne les renvoient qu'à la chute du jour et ne les rappellent qu'après un long sommeil, pour leur ôter la tentation de transformer une nuit trop courte en une soirée d'ivresse. D'ailleurs, le domaine de l'ouvrier doit se réduire à un coin de terre; c'est l'intérêt de l'industrie minière que la culture soit une distraction et non pas une occupation. Les travaux de mines et les travaux agricoles s'accordent mal, bien que ceux-ci aient l'avantage de fixer la population ouvrière, trop nomade, en Belgique comme en France. Mais la culture, par l'irrégularité des soins qu'elle exige, impose à l'industrie, quand vient l'époque des semailles et des récoltes, des chômages désastreux, sans donner à l'ouvrier, en d'autres saisons, un supplément de travail appréciable . La réduction de la durée des postes à huit heures, en bouleversant l'économie des travaux souterrains, ne serait encore qu'un moyen bien imparfait de concilier tous les intérêts, dans les pays où le mineur cultive. III. —

SALAIRES.

eux: « Le service des machines d'extraction,— dit-il,—est confié d'ordinaire ans soins d'un mécanicien pendant un laps de temps de douze heures consécutives. Cet ouvrier est loin de recevoir un salaire exorbitant, eu égard aux qualités qu'un pareil service réclame. Une journée de douze heures, dans une atmosphère souvent chaude et viciée, n'est-elle pas trop longue pour un ouvrier dont le travail demande, non un grand effort musculaire, mais une tension d'espril continue, et dont la moindre distraction peut occasionner la mort des hommes qu'il remonte ou descend? « Les ouvriers d'atelier de cour ont des heures de repos fixées, pendant lesquelles ils peuvent prendre leurs repas. « Les ouvriers dépendant du trait et les ouvriers de fond n'ont pas d'heures de repos déterminées. Us se règlent d'après les retards, les temps d'arrêt à trait. Du reste, les mineurs font leur repas principal après leur journée, qui, pour beaucoup, finit à une heure peu reculée de l'après-diner. Ceux qui onl un jardin, ou un petit coin de terre loué, peuvent ainsi y consacrer un peu lit temps encore. »

Si la plupart des ouvriers ont une maison commode et un petit jardin, dont l'agrément les appelle et les retienne chez eux, l'attrait du cabaret est moins redoutable, et les descentes matinales, qui ménagent au mineur quelques heures de liberté dans la soirée, sont préférables. Mais, si les ouvriers manquent généralement de foyer, si le cabaret est leur rendez-vous ordinaire, les directeurs de quelques charbonnages de Charleroi ont pris le meilleur parti;

Les résultats de l'enquête se réduisent, quant aux salaires, à des moyennes prises, pour chaque mine, sur des groupes d'ouvriers répartis suivant l'âge et le sexe, sans distinguer la nature de leurs occupations autrement qu'en travaux du jour et travaux du fond. Aussi la comparaison est-elle impossible entre les ouvriers habiles et les simples manœuvres. Nous devons donc rapprocher les chiffres à d'autres points de vue, les grouper par localité et voir si, dans toute l'étendue d'un bassin aussi régulier et aussi continu que celui de la Belgique, les salaires tendent vers une certaine uniformité. Il n'en est rien; le salaire des enfants varie du simple au double, ce qui s'explique par leur différence d'âge dans les diverses exploitations. Mais, en se bornant même aux ouvriers qui ont plus de seize ans, les différences ne sont guère moindres. Nous les avons mises en évidence dans un tableau spécial (n° II), auquel nous avons joint, pour tenir compte autant que possible de tous les termes de comparaison, les salaires moyens dans chacune des régions principales. Si l'on excepte les chiffres relatifs à la province deNamur, qui renferme moins de 3.000 ouvriers et où létaux des salaires est moindre que partout ailleurs, on voit que les moyennes, d'un centre à l'autre, ne varient que de 25 à ho centimes, environ un dixième de leur valeur. Nous retrouvons donc là une sorte d'uniformité qui faisait défaut dans les termes extrêmes , bien que nous ayons systématiquement écarté les