Annales des Mines (1866, série 6, volume 5, partie administrative) [Image 21]

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LOIS,

DÉCRETS ET ARRÊTÉS

Quant aux ports secondaires qui, pour la plupart, sont adonnés soit à la grande pèche, soit à la pêche côtière, ou qui ne constituent que des ports de refuge, l'intérêt qui s'attache à leur amélioration et la nature des travaux à y exécuter sont d'un autre ordre. Si, dans plusieurs d'entre eux, on a établi des bassins à flot, qui peuvent seuls permettre aux bâtiments l'accès des ports à marée, on s'est borné, dans la plupart des autres, à exécuter les ouvrages nécessaires pour assurer la sécurité de la navigation, et offrir des abris sûrs à cette population maritime si dévouée, s courageuse, qui forme la pépinière de notre flotte. Les grands ports où s'exécutent en ce moment des travaux extraordinaires sont ceux de Marseille, du Havre, de Bordeaux, de Dunkerque, de Boulogne, de Dieppe, de Saint-Nazaire, de Brest, de Saint-Malo. A Marseille, les agrandissements successifs du port ont constamment été devancés par les besoins toujours croissants du commerce et de la navigation. En 1866, le mouvement du port de Marseille, entrées et sorties réunies, s'est élevé à i8.o59 navires jaugeant 3,320.000 tonnes. Dans ce mouvement, la marine à vapeur, qui, depuis 1860, s'est rapidement développée dans la Méditerranée, a été représentée par 5.067 navires jaugeant i,663.ooo tonnes, c'est-à-dire la moitié du jaugeage total. Pour satisfaire aux besoins d'une navigation aussi active, il est indispensable de multiplier les bassins, et de donner aux quais un développement en rapport avec l'importance des opérations commerciales. A la fin de l'année i865, le bassin Napoléon, présentant une étendue de 26 hectares et une longueur de quais de 1,600 mètres, était terminé, et, par suite, le port de Marseille possédait 90 hectares de surface d'eau et 9 kilomètres de quais propres aux opérations d'embarquement et/ de débarquement. On a poursuivi, dans le cours de la dernière campagne, les travaux du bassin impérial, qui fait suite au bassin Napoléon, mais ces travaux sont encore trop peu avancés pour exercer une influence sensible sur la navigation. Au Havre, on a continué les travaux d'élargissement du chenal, et l'on pourra terminer en 1866 la construction du second briselames de l'entrée du port, ainsi que l'enlèvement des restes de la tour de François Ior, qui forment un écueil dangereux pour les navires. Mais l'entreprise la plus importante pour l'avenir du Havre est celle qui a été autorisée par le décret du i5 août 1866, et qui a pour objet l'agrandissement du port par l'annexion des terrains de la citadelle. Les travaux commencés dans le cours de la dernière

SUR LES MINES.

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campagne sont conduits avec activité; l'avance de 6.800.000 fr. faite à l'État par la Chambre de commerce permettra d'exécuter rapidement cette utile entreprise. Le port de Bordeaux est destiné à recevoir à la fois la navigation maritime et la navigation fluviale. Le tonnage de la marine à vapeur, qui, plus que toute autre, a besoin de grandes facilités pour ses opérations de chargement et de déchargement, a triplé dans les six dernières années, et s'est élevé, en 1866, à 3o8.000 tonnes. Cette situation a rendu nécessaire l'élargissement des quais actuels des Chartrons et de Bacalan, et la construction de deux nouveaux quais verticaux, dont la longueur totale est de 4i6 mètres. Ces entreprises sont en voie d'exécution. Les travaux d'amélioration du port de Dunkerque, autorisés par le décret du 16 juillet 1861, comprenant, outre l'élargissement et l'approfondissement du chenal et divers autres travaux accessoires, la construction d'un nouveau bassin à flot dont l'écluse aura une largeur de 21 mètres, et un tirant d'eau supérieur de 1 mètre à celui des écluses actuelles, l'établissement d'une forme de radoub, et enfin la reconstruction d'une partie des fortifications, dont l'emplacement doit être occupé par les nouveaux ouvrages ; le bassin projeté ne pouvait être entrepris avant l'exécution des travaux de fortifications; ces travaux se poursuivent sous la direction du génie militaire. De leur côté, les ingénieurs se sont attachés à tirer le meilleur parti possible, dans l'intérêt du port, de ce qui existe aujourd'hui. Ainsi, par un système de guideaux disposés de manière à diriger le courant des chasses, ils ont réalisé et entretenu dans l'avant-port et le chenal des approfondissements qui se sont traduits par une augmentation de plus de 1 mètre dans le tirant d'eau de navires ; en outre, on a acquis et préparé les terrains nécessaires tant pour la pose, sur les quais de rive droite du bassin du commerce, de voies ferrées se raccordant avec la gare du chemin de fer, que pour l'exécution de 3oo mètres de quais complémentaires , en prolongement des précédents ; enfin, on a exécuté diverses améliorations de détail, en attendant que la situation du budget permette d'entreprendre le nouveau bassin avec une activité convenable. A Boulogne, les travaux du bassin à flot sont très-avancés, et ce grand ouvrage pourra prochainement être livré à la navigation. On continue d'ailleurs l'enlèvement du banc de roches qui formait un haut-fond dans le chenal, en avant de la passe de l'écluse. Ce travail sera terminé en même temps que le bassin à flot.