Annales des Mines (1866, série 6, volume 5, partie administrative) [Image 9]

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LOIS, DÉCRETS ET ARRÊTÉS

SUR LES MINES.

dustrie de Reims, qui avait éprouvé une sorte de ralentissement passager, a reçu, dans le dernier mois de l'année, d'abondantes commandes. La reprise est générale, à ce point que les bras semblent faire défaut. Comme l'année précédente, l'industrie de la laine a pu se procurer la matière première sans hausse sensible, grâce aux apports des laines étrangères, de celles de l'Australie surtout. Les transactions ont été animées, et les salaires se sont maintenus rémunérateurs. La draperie, toutefois, n'a pas toujours conservé, dans la SeineInférieure et dans les Ardennes, l'activité qu'elle avait atteinte aux plus mauvais jours de la crise cotonnière, et qui, sur certains points, avait fait organiser le travail de nuit. Cette situation a été attribuée tour à tour à un excès de production, à un engouement passager pour certaines étoffes étrangères à bas prix, à la guerre du Brésil, au retour à l'usage des effets du coton, et enfin à l'importation étrangère, qui pourtant est environ dix fois moins considérable que notre exportation. Quoi qu'il en soit, l'industrie drapière, à part certaines oscillations toujours inséparables du mouvement commercial, se trouve dans une bonne position, et ses exportations n'ont pas été inférieures à celles de l'année précédente. Cette branche du travail national poursuit, d'ailleurs,entre autres progrès, le développement du tissage mécanique.

Celle-ci qui, au commencement de l'année, était tout à la fois sous le coup de la cherté de la matière première et de la fermeture du marché des États-Unis, a pu, dès le mois de mai, envoyer d'assez nombreuses quantités de soieries à New-York. La fabrique du Gard étendait en même temps ses relations commerciales avec le Levant, où elle expédiait des tissus légers, ordinairement destinés à l'Algérie. Le tissage de la soie se développait aussi dans le département de la Savoie par la création de plusieurs petites fabriques, placées sous la direction des chefs d'ateliers de maisons de Lyon. Enfin, grâce à la reprise des affaires avec les États-Unis, aux commandes de l'étranger et notamment de l'Angleterre, grâce aussi aux besoins de la consommation intérieure, la situation de nos centres producteurs s'est améliorée. La rubannerie elle-même se relève à Saint-Étienne et dans la Haute-Loire de l'état de souffrance où l'avait tenue le peu de faveur accordé par la mode aux rubans façonnés. Les salaires sont généralement devenus meilleurs. Dans ces conditions favorables, la cherté et la rareté de la matière première semblent seules faire obstacle au développement complet de l'industrie des soies.

L'industrie du lin et du chanvre a eu à subir des variations dans le prix des textiles qu'elle emploie. En baisse dans les premiers mois, comme conséquence de l'extension donnée à la culture du lin, les prix se sont élevés en prévision du rendement inférieur de la récolte, et cette hausse, suivant quelques industriels, n'aurait pas toujours été compensée par une augmentation de prix correspondante pour le produit fabriqué. L'industrie n'en a pas moins conservé une activité soutenue; on a remarqué surtout celle à laquelle le tissage du chanvre a donné lieu dans l'Isère. L'écoulement des produits a été également facile. L'industrie des soies, éprouvée déjà par plusieurs mauvaises récoltes, a compté vainement sur celle de i865, qui, plus défavorable encore que les précédentes, a démontré que les graines du Japon avaient seules, ou à peu près, quant à présent, le privilège de donner de bons résultats. Il a fallu suppléer au déficit de la récolte indigène par des importations de soies étrangères généralement insuffisantes pour entretenir, au complet, le travail des filatures et des préparations accessoires de l'industrie de la soie.

La situation de la métallurgie est généralement satisfaisante. Les plaintes qui s'étaient élevées contre la concurrence étrangère se sont dissipées devant l'abaissement des importations, et les réclamations se sont limitées à quelques faits de concurrence intérieure qui ne pouvaient appeler l'intervention du Gouvernement, puisque cette concurrence n'est autre chose que l'émulation la plus légi' time, source de progrès au profit de tous. Les prix présentés d'abord comme généralement faibles ont une tendance à se relever. On les signale comme bien tenus dans la Haute-Marne, et comme assez avantageux dans la Moselle, les Ardennes et la Mayenne. A plusieurs reprises, le Nord de la France a réclamé contre le trafic des acquits à caution, auquel donneraient lieu les facilités que le décret du i5 février 1862 accorde pour l'importation temporaire des métaux. Une enquête contradictoire qui se poursuit en ce moment devant le Comité consultatif des Arts et Manufactures permettra d'apprécier si ces réclamations sont fondées, et dans quelles limites il sera possible de leur donner satisfaction sans nuire à un autre intérêt non moins respectable, celui de nos constructeurs, qui, grâce au régime de l'importation en franchise temporaire, se sont créé de nouveaux débouchés à l'étranger.