Annales des Mines (1856, série 5, volume 5, partie administrative) [Image 103]

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200 CAISSES DE PRÉVOYANCE POUR LES OUVRIERS MINEURS, salaire des ouvriers pour la fondation d'une caisse analogue. Telles qu'elles sont encore aujourd'hui constituées, les sociétés de secours allemandes ne sont pas seulement de simples institutions financières, fondées dans le but de venir en aide aux ouvriers et à leurs familles, ce sont de véritables associations où l'on retrouve tous les traits du caractère national, l'esprit de corps, le respect de la hiérarchie jusque dans les rangs les plus inférieurs, la fidélité aux traditions, le goût de l'épargne, la juste appréciation des bienfaits de l'instruction élémentaire. On conçoit que dans un pays où de telles institutions fonctionnent depuis si longtemps, elles ne soient point établies sur un plan uniforme : quelques-unes de ces sociétés sont restées complètement indépendantes non-seulement de l'État, mais encore des patrons ; d'autres ont été fondées avec le secours des derniers ; d'autres enfin, et c'est actuellement le plus grand nombre, ont cherché l'appui du gouvernement, qui;, en même temps qu'il leur a imposé certaines conditions et certains règlements , a pu leur garantir des immunités et des privilèges, et les mettre à même de rendre plus de services. Ce sont, en effet, suivant le journal allemand, les vingt-cinq sociétés, placées sous la direction immédiate de l'administration, qui distribuent les secours les plus abondants. Les statuts des sociétés mutuelles (Knappschaflvereine) renferment ordinairement trois parties : i° Devoirs généraux des ouvriers mineurs. 2° Leurs devoirs particuliers comme membres de l'association. 5* Énumération des bienfaits que la société mutuelle garantit à ses membres. Il est inutile d'insister ici sur la première de ces trois parties, et j'arrive directement à la seconde. Les conditions nécessaires pour l'admission dans une société mutuelle sont partout les mêmes. i° Le candidat doit faire preuve, par un extrait de naissance ou un acte de notoriété qu'il n'est ni trop jeune ni trop âgé, ce qui donne la garantie qu'il pourra supporter les fatigues du travail des mines (les limites posées à cet égard varient peu entre seize et vingt ans d'une part, trente-six et quarante ans de l'autre). 2° L'ouvrier doit être en bonne santéetdouéd'uneconstitution suffisamment robuste. — Le médecin de la société est consulté sur ce point. 3° Le médecin doit encore s'assurer que l'ouvrier n'a point de vices

EN PRUSSE ET EN BELGIQUE.

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rédhibitoires, augures d'une vieillesse et d'une mort prématurées : pour les maladies chroniques, on s'en rapporte souvent au témoignage des ouvriers avec lesquels le postulant a travaillé. 4° L'ouvrier doit donner la preuve qu'il peut accomplir les travaux les plus importants dans la mine et les conduire sans interruption pendant un temps suffisamment prolongé. Les ouvriers qui ne travaillent pas d'une manière permanente dans la mine, ne sont point traités partout de la même manière; tantôt ils n'ont aucune espèce de relation avec les sociétés mutuelles, tantôt ils y forment des classes particulières et ne jouissent que d'une partie des avantages qu'elles peuvent conférer. Souvent les ouvriers qui, bien que n'étant pas attachés d'une manière permanente à la mine, y travaillent cependant d'une manière suivie, mais sont trop jeunes ou trop âgés pour faire partie de la société proprement dite, y forment une classe particulière ; souvent encore, l'on fait rentrer dans une troisième classe, les ouvriers dont les services sont tout à fait intermittents. Les fils des membres de la société y sont toujours admis de préférence. L'administration de la société est exercée gratuitement par les agents du gouvernement royal. En outre, une partie de la gérance est confiée à des membres de la société qu'on nomme les anciens et qui sont élus à des intervalles de temps réguliers, par leurs camarades. Une moralité irréprochable , l'expérience des travaux des mines, une instruction suffisante et ordinairement un certain âge, sont les conditions nécessaires pour remplir ces importantes fonctions; les anciens exercent une surveillance générale sur tous les membres (surtout au point de vue des maladies simulées), ils s'assurent que les malades sont assez fréquemment visités par les médecins, ils distribuent tous les secours dont la teneur n'a pas été, une fois pour toutes, officiellement déterminée par les statuts, ils étudient les changements qu'il est convenable de faire dans les statuts, dans le taux des pensions et des secours de diverse nature : ils ont à faire connaître aux propriétaires des mines les besoins et les vœux des ouvriers. Les anciens reçoivent quelquefois une petite rémunération. Les recettes des caisses des sociétés mutuelles se composent : des intérêts des capitaux accumulés, des dons volontaires et des présents accidentels, des amendes infligées aux ouvriers pour infraction aux règlements, mais principalement des