Annales des Mines (1914, série 11, volume 6) [Image 106]

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que le travail de forge ait été manqué, soit que la zone de jonction se soit progressivement affaiblie par des fissures nées de la répétition des efforts de flexion tendant à ouvrir l'angle, on peut espérer que les précautions précédentes réduiraient provisoirement la conséquence du défaut de résistance à l'apparition d'une fuite, sans explosion. Il n'en reste pas moins vrai que la soudure dans l'angle est mal placée, exposée à des causes particulières de fai -Jl blesse et de fatigue. Explosion d'un récipient fabriqué à la §oudure autogène. —

La soudure dont il vient d'être question est la vieille soudure du forgeron : soudure au marteau, sans métal additif. Au congrès de 1914 des ingénieurs en chef des Associations de propriétaires d'appareils à vapeur, M. P. Bonet v a décrit une explosion qu'il est intéressant de rapprocher des précédentes, parce qu'il s'agissait cette fois d'un récipient dont les fonds avaient été rapportés au moyen de la soudure autogène : soudure au. chalumeau, avec apport de métal. Ce récipient, qui servait de séparateur d'eau et de vapeur, mesurait 1 mètre de diamètre- et l m ,65 de haur teur; il était en tôle d'acier doux de 13 millimètres et timbré à 12 kilogrammes-. Il était formé d'une virole cylindrique dont chaque extrémité, légèrement rétreinte, avait reçu un fond en forme de calotte sphérique, rapporté dans l'ouverture. Le pourtour de l'ouverture et le bord circulaire du fond étaient chanfreinés et les deux chanfreins se juxtaposaient de manière à laisser entre eux une rigole en V : c'est dans cette rigole qu'avait été coulé le métal d'apport. Au bout de sept mois de service, et après des fuites prémonitoires dont, on eut le tort de ne pa's comprendre la signification (on se contenta de les aveugler en y COU-

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lant un placage de métal), le fond inférieur se détacha subitement au cours du service de l'appareil. Il a été constaté qu'il y avait eu' décollement entre le métal d'apport et le chanfrein du fond. L'accident a été rapporté par M. Bonet à un mauvais travail de soudure, et nous ne pouvons mieux faire que de renvoyer au détail de son compte rendu et aux sages observations dont il l'a fait suivre (*). Ce n'est pas ici le lieu de nous étendre sur la soudure autogène, qui rend en certains cas de précieux services, mais dont l'application, en matière de chaudières à vapeur ou de réservoirs à pression, doit être faite avec discernement et, dans les cas où elle est légitime, subordonnée à des conditions d'exécution particulièrement étroites et sévères. C'est une question qui a donné lieu à de nombreuses études, parmi lesquelles nous nous bornerons à citer les récents et très intéressants Essais de soudures autogènes de tôles de chaudières, organisés par la Société suisse de propriétaires de chaudières à vapeur et relatés par M. E. Horn (**). Somme toute, de l'ensemble des faits et des remarques, qui précèdent, il ressort que, à la jonction des fonds avec la partie cylindrique d'un réservoir de pression, une soudure, quelle qu'en soit l'espèce, n'est pas à sa place. Lorsqu'il s'agit de récipients de petites dimensions, on peut espérer que lés remarquables progrès réalisés dans la fabrication des corps creux permettront de faire venir d'emboutissage l'un des fonds avec le cylindre tout entier et de former l'autre fond en rétreignant l'extrémité ouverte du cylindre aux dimensions d'un trou d'autoclave, évitant ainsi toute soudure. S'agit-il de réservoirs de (*) Le compte rendu du Congrès est sous presse. (**) Brochure éditée à Zurich par la Société, 1915.