Annales des Mines (1911, série 10, volume 20) [Image 103]

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ÉTUDE

SUR L'ÉTAIN ET

I.'OR EN BOLIVIE

tration ou du Gouvernement qu'auprès des particuliers, un accueil très aimable et très bienveillant. Cependant une certaine connaissance du pays, et d'une façon générale de l'Amérique du Sud, est nécessaire, car l'Américain du Sud n'a pas l'énergie de l'Européen, et pour réussir dans ces pays, il faut avoir beaucoup de patience et de tact. Exploitation et méthodes de traitement des minerais. — Il y a très peu de mines en Bolivie dont les travaux de préparation et d'aménagement soient capables de mettre en vue un certain tonnage de minerai. Le mineur bolivien est d'habitude à la recherche des parties riches d'un filon (guias), et il les suit dans toutes ses capricieuses sinuosités. Il est intéressant de voir les enfants porter des hottes de minerai à travers des galeries (où l'on ne peut circuler qu'en se courbant), et escalader des échelles avec une agilité acrobatique digne d'une foire de Barnum. Les galeries étroites, sinueuses, les descenderies, les puits inclinés, se succèdent dans toutes les directions possibles, sans ordre, sans méthode, mais en pénétrant si bien dans le massif de minerai qu'on peut, en les parcourant, se rendre compte de l'importance de ce massif. Sans le vouloir, le mineur indigène a préparé sa mine non pour une exploitation commode, mais pour faciliter la tâche de l'ingénieur qui examinera le gisement, en évaluera la valeur, jugera de l'avenir de la mine; quant au minerai en vue tel que nous le comprenons en Europe, il n'existe pas. En effet le Bolivien vit au jour le jour, et ses moyens sont insuffisants pour qu'il puisse, même s'il le voulait, préparer sa mine d'une façon systématique et susceptible de mettre en vue une certaine quantité de minerai prêt à être abattu et extrait. Quelques-unes des mines les plus productives de Bo-

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SUR LA GENÈSE DES DÉPÔTS STANNIFÈRES

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Me, qui sont en exploitation depuis vingt ans et plus, pourraient à peine aujourd'hui être classées parmi les mines bien aménagées ou possédant un stock considérable. L'ingénieur qui, chargé de présenter un rapport sur une mine, compterait sur le minerai en vue, serait fort désappointé. Je connais plusieurs mines dans la région d'Oruro qui sont très productives aujourd'hui, et qui ont été condamnées, il y a dix ans, à cause de leur manque de minerai en vue. L'ingénieur qui est envoyé en Bolivie pour examiner une mine ne peut donc pas s'attacher à des formules fixes. Une connaissance assez étendue de la formation des filons en général et des notions précises de géologie en particulier sont nécessaires. Ajoutez à cela une étude préalable de la région et des mines voisines, qui jettera de la lumière sur la mine considérée, et aidera l'ingénieur à se rendre compte de son importance. Une simple mesure des massifs de minerai circonscrits est capable d'amener l'ingénieur à des appréciations par trop erronées. De l'échantillonnage et des essais par le vanning shovel. En ce qui concerne l'échantillonnage, je retiendrai l'attention du lecteur sur la méthode dite ce méthode de Cornouailles » pour l'essai des minerais. Les mineurs de Cornouailles prétendent que tout ce qu'un essai à la pelle « vanning shovel » peut donner, est le maximum de rendement qu'on obtiendra aussi d'une laverie bien établie. Rien n'est plus faux; en effet môme, en Cornouailles, depuis qu'on a à la tête des exploitations des gens compétents et ayant reçu une instruction scientifique suffisante, il a été prouvé que les usines ou laveries qui donnent des rendements concordant avec ceux obtenus par des essais au « vanning shovel », et considérés par conséquent comme très satisfaisants, ne donnaient en réalité 1 u e de très mauvais résultats.