Annales des Mines (1911, série 10, volume 19) [Image 254]

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LES MINERAIS STRATIFORMES

subsiste que les grandes dislocations plus importantes et, par suite, plus continues. C'est pour la même raison aussi sans doute que la plupart de ces beaux filons se terminent à 3 ou 400 mètres de profondeur. Certains gisements de la côte de Carthagène, assez problématiques^ sembleraient, d'après les descriptions qui en ont été données, se rapporter beaucoup plus directement à notre étude que les précédents. Nous allons voir, au contraire, qu'ils doivent être entièrement laissés de côté ici. Une longue zone métallifère suit, on le sait, la côte depuis Alméria, où l'on a fait diverses tentatives récentes pour l'exploitation du fer, vers Cabo de Gâta jusqu'à Aguilas, Mazarron et Carthagène, avec de très nombreux gisements complexes de tous genres. La majeure partie de ces gisements est en rapport à peu près incontestable avec des éruptions tertiaires qui longent la côte et se rattachent au type «filonien d'Algérie dont elles sont la continuation ; elle sort donc sans conteste de notre sujet; mais quelques gisements de Carthagène ont pu, au contraire, être rattachés au type hercynien et, bien que ce ne soit pas là notre conclusion, comme on va le voir, la question demande tout au moins à être discutée. J'ai décrit autrefois, d'après les notes de MM. Fuchs et Ledoux(*), ces gisements curieux, dans l'aspect actuel desquels les actions d'altération superficielle et de remise en mouvement entrent évidemment pour une part essentielle ; c'est ce rôle des altérations qu'il importe aujourd'hui de mettre en lumière suivant nos idées nouvelles. Parmi les très nombreux types de gisements que présente la région de Carthagène, il en est que nous pouvons immédiatement rattacher sans conteste à ce genre d'altérations. Tels sont les amas de calamine ; tels encore les (*) Cites métallifères, II, 550 à 556.

DE LA CHAINE HERCYNIENNE

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eouches d'oxyde de fer manganésé, intercalées au contact des schistes et des calcaires ; tels les carbonates de plomb, ou les crestonea, c'est-à-dire les masses de galène et de sidérose, résultat probable d'une altération de pyrite et galène (comme on l'a constaté, par exemple, sur certains coins du C. de Sancti Spiritu), etc. Dans toutes ces formes superficielles, on aperçoit aisément le rôle des terrains calcaires, superposés d'une façon générale aux schistes permo-triasiques de la Sierra de Carthagène (*) : calcaires dans lesquels subsistent, par endroits, des veines de galène, qui marquent l'existence primitive des sulfures complexes, des B. G. P. habituels. Il paraît bien en être de même d'une fameuse couche dite des silicates [manto de los azules), constituée par une calcédoine ferrugineuse avec mouchetage de galène. C'est probablement là un de ces types de sédiments ultérieurement silicifiés comme on en connaît nombre d'exemples dans les terrains métamorphiques (meulières du bassin de Paris, minerais de fer du Mesabi Range, aux États-Unis, minerais cuprifères du Caucase) et le minerai originel a bien des chances pour avoir été une strate (peut-être un banc argilo-gréseux, comme on l'a supposé par continuité, ou même un banc calcaire) devenue, en même temps que siliceuse, pyriteuse et galénifère. Enfin, l'on trouve, à divers niveaux, dans les schistes métamorphisés de la région de Carthagène, au-dessus et au-dessous de la couche do silicates, des lentilles de Mende ou parfois de galène, sans grande valeur industrielle, mais qui doivent représenter une des formes originelles du gisement. On est donc amené à considérer qu'il y a eu là, dans un complexe de schistes et de calcaires, notamment sur (*) Ces schistes et calcaires, qui ne renferment pas de fossiles, sont habituellement classés à la base du trias.