Annales des Mines (1911, série 10, volume 19) [Image 252]

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LES MINERAIS STRATIFORMES

en effet le défaut de disperser beaucoup notre description. Nous commencerons donc cette étude à la pointe Sud de l'Espagne ; outre les restrictions géographiques de notre sujet qui nous forcent à laisser de côté l'Afrique, nous y serions en outre contraints par l'obscurité que présente encore le prolongement de la chaîne hercynienne sur ce continent africain. Il ne serait pourtant pas tout à fait impossible qu'il y eût, dans le Nord-Ouest de l'Afrique, au Maroc et dans le Sud-Ouest du département d'Oran, quelque chose d'analogue aux formations que nous allons bientôt longuement décrire. On sait, en effet, comme les terrains primaires et archéens décrivent une courbe à travers le détroit de Gibraltar pour aller raccorder, suivant le pourtour de la côte, les plis de la Sierra Nevada à ceux de l'Atlas. Dans la région saharienne, les terrains carbonifères plissés reparaissent en de nombreux points, vestige probable de quelque ancienne chaîne hercynienne et, bien que le permien ne soit nulle part très bien défini au Nord de cette chaîne, il peut être permis de lui rapporter certains grès et conglomérats de l'Ouest de l'Algérie : les grès rouges de Tetuan et du Rif, souvent aussi classés comme triasiques; ceux signalés par Von Fritsch au Sud du grand Atlas, etc. En tout cas, les lagunes triasiques ont existé sur la longueur de l'Algérie avec leurs dépôts de gypses caractéristiques. Il est donc très possible qu'une destruction ancienne de filons, qui peuvent se présenter dans la zone primaire saharienne et la Meseta du Maroc, ait donné des conglomérats métallifères. On a déjà émis l'hypothèse qu'il conviendrait peut-être de rattacher à une formation de ce genre les grès cuprifères très étendus (à ciment de chalcosine ou de malachite) de la région à'Aïn Sefra, dont l'origine paraît bien devoir être cherchée dans un phénomène d'érosion analogue à ceux que nous allons étudier, mais dont il est possible aussi que 1 âge

DE

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CHAINE

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soit plus récent (néocomien) et dont je ne signale, par conséquent, ici la place qu'à titre extrêmement problématique et pour mémoire (*). Le Sud-Est de l'Espagne présente une importante formation de grès permo-triasiques, qui arrivent en stratification discordante sur les divers terrains primaires, y compris le carbonifère (**). Cette formation gréseuse, que l'on retrouve également aux Baléares, présente, quelque soit son âge précis, un réel intérêt pour les gisements métallifères. Elle longe partout au Sud-Est la Meseta ancienne, sur le bord de laquelle on n'en retrouve que de rares lambeaux, débris possibles d'une formation beaucoup plus étendue détruite par les érosions. A la base, on observe souvent des grès fins micacés rouges ou verts, avec conglomérats anguleux, qui doivent représenter le permien; puis, en discordance de stratification, des grès violacés pâles, avec poudingues à cailloux de quartz blanc appartenant au trias, auxquels succèdent des marnes irisées gypsifères et des calcaires dolomitiques. Comme sur toute la longueur de la chaîne hercynienne, ces terrains détritiques, formés au pied du plissement carbonifère, renferment par endroits des imprégnations métallifères île cuivre et parfois de plomb. Je vais en citerdivers exemples : au Molinillo près de Grenade, dans la Serrania de Cuenca, à Minorque, etc. Le petit gisement du Molinillo, près de Grenade, (*) Voir, sur ces dépôts très étendus et qui paraissent se prolonger au Maroc : Richesses minérales d'Afrique, 141 et 314. (**) La carte géologique d'Espagne rapporte tous ces terrains au trias, et l'existence même du permien a été, en effet, longtemps discutée en Espagne. 11 est probable cependant que le permien existe autour de la Meseta comme dans les Pyrénées et dans l'Ouest du Plateau Central où il a été autrefois méconnu. C'est, pour l'Andalousie, l'opinion de MM. MICHEL LÉVY et BERGERON (Mission d'Andalousie, p. 225), qui ont Appelé à ce propos l'historique de la question ; c'est également la confusion à laquelle on est arrivé pour les plantes de Bussaco en Portugal— Cf. BERTRAND et KILIAN, ibid., p. 394.