Annales des Mines (1911, série 10, volume 19) [Image 236]

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HERCYNIENNE

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LES MINERAIS STRATIFORMES

tation suffisamment démontrée, dans la généralité descas, pour ne pas m'y arrêter. Néanmoins il ne faut pas oublier que, fausse sans doute dans l'ensemble, elle demeure probablement exacte dans un grand nombre de gîtes particuliers, parmi lesquels on peut citer divers filons de nickel, manganèse, fer, etc., en sorte qu'on n'a pas le droit de lui opposer une objection de principe. On a pu également se demander si tels ou tels gisements, à allure filonienne mais sans racine profonde, ne proviendraient pas par en haut d'une nappe de charriage disparue. Par contre, nous devons examiner, et c'est la raison d'être de ce travail, si, dans les grands exemples cités plus haut, l'hypothèse simplement sédimentaire, la plus séduisante au premier-abord, est exacte. Quand on reprend à ce propos rapidement l'histoire de la métallogénie, on sait comment Werner commença par expliquer les filons en supposant qu'une dissolution superficielle et susceptible de former des sédiments avait pénétré dans des fissures béantes. C'est le point de départ de toutes les théories de sécrétion latérale ou déconcentration par voie descendante qui ont été émises dans la suite. Au contraire, Elie de Beaumont a été le promoteur des théories rattachant les gîtes métallifères aux roches ignées et interprétant leur formation par une origine profonde. Dans l'ordre d'idées de Werner, comme il est souvent possible, par l'analyse chimique, de trouver une trace d'un métal à peu près quelconque dans une rox;he à peu près quelconque, on a vu, plus tard, Sandberger et divers géologues américains attribuer l'origine de tous les filons métallifères à la diffusion première des métaux dans les roches, avec intervention d'eaux froides ou thermales, mais toujours d'origine superficielle ; pour Dieulafait, il ne faisait pas de doute que les schistes cuprifères du Mansfeld fussent dus aux simples traces de cuivre disséminées d'abord dans les roches formant le pourtour d'une lagune et concentrée*

ensuite dans ses eaux à la façon du gypse ou du sel. Dans un ordre d'idées opposé, on a vu longtemps des géologues mettre en avant des phénomènes geysériens pour expliquer les sédiments les plus nets, invoquer à tous propos des éruptions sous-marines, supposer trop volontiers des sources thermales d'origine interne apportant de la profondeur du cuivre, du for, ou même du sel, dans des bassins de sédimentation, épanchant ces mêmes produits à la surface, etc. (*). Chaque cas particulier a pu ainsi donner lieu à discussion et, me bornant à des exemples tout à fait typiques, dont quelques-uns seront laissés de côté ensuite, je noterai seulement que, pour les conglomérats aurifères du Witwatersrand, on a pu envisager tour à tour la formation antérieure, contemporaine ou postérieure de l'or ; que, pour les minerais de Lorraine, on a récemment admis une substitution postérieure ; que, pour les schistes cuprifères du Mansfeld, Poszepny, Beyschlag, Beck, etc., soutiennent l'intrusion postérieure, « épigénétique », du cuivre dans des sédiments antérieurs (**). Comment ces théories adverses peuvent se maintenir et garder ou retrouver des partisans en présence de faits d'observation de plus en plus nombreux qui devraient arrêter toute discussion, c'est ce que je voudrais d'abord examiner. Exposé du problème. — La difficulté principale provient de ce qu'un gisement métallifère, comme une roche ou un

(*) Les deux mêmes tendances s'accusent quand il s'agit d'expliquer les sources thermales, le pétrole, quelquefois la houille elle-même. (**) Telle est la conclusion adoptée par le célèbre géologue Poszepny dans un mémoire: Ueberdie Genesis der Erzlagerstàtten, présenté au Congrès de Chicago en 1893 etpublié en 1895 dans la Revue des Académies ta Leoben, Przibram et Schemnitz. Telle est également la théorie de % Beck, de Freiberg, dans son Traité des gîtes métallifères, et celle de H. Beyschlag dans un travail récent sur le Mansfeld. Par contre, on sai t que beaucoup d'excellents géologues, et récemment encore Klockmann, considèrent comme sédimentaire le gîte du Rammelsberg lui, pour moi, est intrusif. On voit à quel point les opinions sont diNsées sur cette question controversée.