Annales des Mines (1910, série 10, volume 18) [Image 123]

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EXPÉRIENCES SUR LES POUSSIÈRES DE HOUILLE

particulièrement dans les galeries étroites ou tortueuses, où l'étude de l'effet des obstructions montre que l'explosion s'amortit nécessairement. Il faudra naturellement s'assurer, par des prélèvements périodiques, que la proportion de particules incombustibles se maintient assez élevée, et aussi, — mais cette seconde condition a toutes chances de se trouver dès lors réalisée, — que la quantité est au moins égale au minimum de 450 grammes par mètre cube reconnu nécessaire dans nos essais. Deux nouvelles méthodes, la schistification et l'arrosage concentrés, consistant en dispositifs que l'on pourrait qualifier d'arrèts-barrages (*) d'eau ou de poussières incombustibles, ont été imaginées et expérimentées à Liévin pour obtenir l'arrêt des explosions violentes en présence desquelles l'arrosage et la schistification dispersés ne donnaient pas de résultats satisfaisants. Le but poursuivi a été pleinement atteint et dans des conditions même beaucoup plus dures que pour les essais précédents, puisque la longueur de l'explosion initiale a été portée de 75 à 150 mètres et que le gisement de poussières charbonneuses s'étendait sur toute la longueur des 230 mètres de galerie. Il s'est trouvé au surplus que les arrêts-barrages ont également réussi avec les explosions moyennes ou lentes. Le mécanisme de l'arrêt, spécialement pour les explosions violentes, est très particulier. Avec l'arrosage et la schistification dispersés, on s'efforçait de modifier la composition du nuage poussiéreux en raréfiant l'élément combustible, sans diminuer pour cela les causes du refroidissement de la flamme, grâce à l'eau ou aux particules solides en suspension ; on obtenait ainsi un ralentissement de la vitesse de propagation de la flamme dans le milieu poussiéreux et (*) Suivant l'expression de M. L. Aguillon ; cf. Un mot sur la question des poussières [Bulletin de la Société de l'Industrie minérale, livraison d'octobre 1910).

ET SUR LES MOYENS DE COMBATTRE LEURS DANGERS

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éventuellement, l'extinction. Le fonctionnement des arrêts-barrages, du moins dans le cas des explosions violentes, est au contraire indépendant de la nature et de la composition du gisement poussiéreux qui se rencontre sur le sol ou les parois de la galerie; la flamme arrive au moment où la masse d'eau ou de matériaux accumulés vient d'être culbutée et rend l'atmosphère tellement surchargée de matières froides que l'extinction est immédiate ; les arrêts-barrages sont des extincteurs plutôt que des amortisseurs progressifs. Leur fonctionnement est différent dans le cas des explosions lentes ; alors l'eau ou les matériaux accumulés ont déjà été projetés en partie ou en totalité au moment où arrive la flamme ; ils ont créé une zone d'arrosage ou de schistification que l'on sait capable d'arrêter les explosions lentes par amortissement progressif ; l'eau, répandue à l'instant qui précède l'explosion, projetée par les remous sur toutes les parois, et suffisamment brassée avec les poussières pour les mouiller et les convertir en boue, réalise un arrosage particulièrement effectif; de leur côté, les matériaux stériles, tombant du haut de la galerie, précipitent et recouvrent les poussières charbonneuses et opèrentainsi un classement inverse du classement habituel, très favorable à l'efficacité de la schistification dispersée. Ce n'est que par des essais prolongés et exécutés à plus grande échelle que l'on pourra juger si les arrêtsbarrages sont décidément, en toutes circonstances, d'une efficacité supérieure aux zones d'arrosage ou de schistification dispersés. Dès maintenant on leur reconnaîtra une plus grande valeur pratique, en raison des très grandes facilités de réalisation et de contrôle. A l'échelle des essais, l' arrêt-barrage d'eau a réussi avec une accumulation de 90 litres d'eau par mètre carré de section de la galerie; dans les applications, vu les facilités de réalisation, on ne craindra pas d'en