Annales des Mines (1910, série 10, volume 18) [Image 121]

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EXPÉRIENCES SUR LES POUSSIÈRES DE HOUILLE

des poussières, un poids d'eau au moins égal au poids de poussières, ou bien en répandant assez de poussières incombustibles pour que la proportion de ces dernières soit au moins de 40 0/0, — et il vaudrait mieux dire 50 0/0, puisque le mélange à 40 0/0 a réalisé le cas limite. Dans bien des cas, ces proportions se trouveront spontanément réalisées; l'humidité naturelle des galeries sera suffisante, ou bien, et plus fréquemment sans doute, le transport des terres, l'effritement du sol et des parois, les réparations, introduiront plus de 50 0/0 de particules incombustibles dans les dépôts poussiéreux; si les propor- . tiôns voulues ne sont pas atteintes naturellement, on y parviendra parfois au moyen de précautions simples ayant pour effet de diminuer sensiblement la formation et le dépôt des poussières charbonneuses; parmi ces précautions, nous citerons : l'arrosage au chantier, qui réduit les dépôts dans les retours d'air ; l'arrosage de la surface des berlines et l'emploi de berlines étanches, qui diminuent les dépôts dans les roulages ; le chaulage qui fixe et rend inoffensives les poussières des parois et qui schistifie le sol ; l'éloignement des triages, qui diminue l'afflux des poussières par les puits d'entrée d'air ; l'enlèvement périodique des dépôts poussiéreux les plus importants. Si ces précautions ne suffisent pas ou sont difficilement réalisables, on pourra avoir recours à l'arrosage ou à la schistification systématiques. L'arrosage systématique présente le grand inconvénient de devoir être renouvelé très fréquemment, à cause de la rapidité de l'évaporation ; la quantité d'eau indiquée par les essais doit exister à tout moment, et même aux instants qui précèdent le renouvellement de l'arrosage; il n'est pas aisé d'apprécier ce qui reste d'eau au contact des poussières ; pour l'évaluation de la quantité nécessaire, il faut faire des prélèvements dépoussières délicats

ET SUR LES MOYENS DE COMBATTRE LEURS DANGERS

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et incertains ; on comptera comme poussières tout ce qui passe dans un tamis à trous ronds de 2 millimètres. Le plus sûr serait de faire tomber toutes les poussières des parois et de maintenir constamment celles du sol à l'état de boue; mais ce n'est pas aisé, et cela n'est pas sans présenter d'assez sérieux inconvénients. La schistification sera souvent jugée plus pratique. Pour s'assurer qu'elle est réalisée au taux voulu, on fera des prélèvements qualitatifs sur le sol et les parois ; la proportion indiquée par les essais n'est point la teneur en cendres, mais bien la proportion de matières incombustibles distinctes du charbon, et il n'est point certain que les cendres incorporées au charbon aient une influence modératrice aussi prononcée que les particules stériles isolées ; on ne courra donc pas le risque de trop peu schistifier, si l'on déduit de la teneur en cendres du mélange schisteux celle que comporte habituellement le charbon ; l'essai par incinération conduira alors parfois à mettre trop de poussières incombustibles, parce qu'il élimine les matières volatiles (eau de constitution ou acide carbonique), qui s'y trouvent éventuellement ; mais cet excès ne sera qu'avantageux pour la sécurité. La séparation par densité, au moyen d'un liquide de densité voisine de 2, donnerait directement la proportion de schistes. La nature des matériaux incombustibles est indifférente ; ils doivent être assez fins; aussi l'on s'assurera que la proportion voulue est atteinte dans la partie du prélèvement qui traverse un fin tamis, par exemple le tamis n° 200 ; d'autre part, comme les poussières charbonneuses d'une grosseur approchant de 2 millimètres présentent encore un certain danger, il sera bon de vérifier que la proportion est encore réalisée quand on tient compte des parties plus grossières. La schistification et l'arrosage, aux taux que nous venons d'indiquer, ne sont pleinement efficaces que pen-