Annales des Mines (1910, série 10, volume 18) [Image 101]

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EXPÉRIENCES SUR LES POUSSIÈRES DE HOUILLE

par une note sommaire, les résultats les plus saillants et." les plus intéressants au point de vue des applications pratiques. Rappelons, pour la meilleure intelligence de ce qui va suivre, à quelle conception du mécanisme des coups de poussières conduisent nos observations. Le phénomène comprend deux phases bien distinctes : la mise en suspension des poussières et leur combustion. Nous supposerons qu'à l'origine du phénomène une cause unique, qui pourra être une petite explosion de grisou, et qui sera, en l'espèce, la détonation de dynamite-gomme dans un mortier d'acier sans bourrage, produit un ébranlement d'air assez fort pour mettre instantanément les poussières en suspension aux alentours du point initial et une flamme assez chaude, volumineuse et durable, pour communiquer le feu au nuage immédiatement soulevé. L'inflammation n'est d'ailleurs possible que si les poussières en suspension satisfont à certaines conditions de quantité, composition, pureté, etc., qui définissent les limites d'inflammabilité, et que diverses séries d'essais antérieures ont permis de déterminer. L'inflammabilité du premier nuage ne suffitpas à assurer la propagation indéfinie ; il faut une condition de plus. La cause initiale, détonation d'explosif où explosion de grisou, met en suspension les poussières sur une longueur de galerie en rapport avec la violence de cette détonation. Si la combustion des poussières est lente, la flamme progresse avec une faible vitessé jusqu'à la limite du nuage soulevé dès le premier instant, et là elle s'éteint faute d'aliment; car les poussières restées en dépôt sur lo sol et les parois sont incapables de transmettre l'inflammation. Si au contraire la combustion des poussières soulevées par la détonation initiale est rapide, une masse importante de gaz se trouve, dans un temps court, et avant tout refroidissement par les parois, portée à une tempé-

ET SUR LES MOYENS DE COMBATTRE LEURS DANGERS

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rature élevée ; il en résulte un certain accroissement de . pression. L'atmosphère de la galerie est mise enmouvement par des ondes comprimées, dont le front s'avance avec la vitesse du son. Si la combustion a été suffisamment vive, les chasses d'air qui en résultent sont suffisantes pour produire un bon soulèvement des poussières; ainsi la flamme qui, surtout dans cette phase initiale, a une vitesse inférieure à celle du son, trouve toujours devant elle les poussières soulevées ; elle se propage indéfiniment. Cette connaissance du phénomène montre que, pour qu'un coup de poussières généralisé puisse prendre naissance sous l'influence d'une détonation d'explosif ou d'une petite explosion de grisou, il ne suffit pas que le gisement poussiéreux puisse produire des nuages inflammables, il faut encore que la vitesse de propagation de la flamme soit suffisamment élevée dans le nuage soulevé. Les nouvelles conditions-limites auxquelles ont conduit nos essais dans la galerie de 65 mètres, relativement à la teneur en matières volatiles, à la finesse, à la pureté, au degré d'humidification, restreignent alors singulièrement le domaine des gisements poussiéreux dangereux au point de vue que nous considérons en ce moment, c'est-à-dire des gisements aptes à donner naissance à un coup de poussières généralisé, sous l'influence d'une cause initiale telle qu'une détonation d'explosif ou une petite explosion de grisou. Les conclusions sont différentes lorsque l'on considère l'aptitude à la propagation plus lointaine d'une explosion qui a déjà pris une certaine importance. Le coup de poussières est, en effet, un phénomène à allure progressive. A mesure que la quantité des gaz brûlés s'accroit, la poussée de détente devient plus importante, la vitesse des chasses d'air qui précèdent la flamme augmente rapidement, le soulèvement des poussières devient de plus en plus complet et de plus en plus étendu ;