Annales des Mines (1910, série 10, volume 18) [Image 51]

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EXPÉRIENCES SUR LES POUSSIÈRES DE HOUILLE

proportion de parties assez fines pour traverser le tamis n° 200, en sorte que les quantités de poussières fines que nous avons mises dans la galerie d'expériences sont du même ordre de grandeur que les quantités de poussières susceptibles de passer au tamis n° 200, que l'on rencontre pratiquement dans les voies de roulage ; mais ces dernières se trouvent mélangées dans la mine à un excédent de poussières plus grossières, dont il n'y a pas l'équivalent dans la série d'essais dont nous allons parler tout d'abord. Au point de vue de la composition moyenne, les poussières dont on s'est servi dans ces essais, ressemblent beaucoup plus à celles que l'on recueille sur les boisages et dont le poids par mètre courant de galerie est parfois, du même ordre de grandeur que les poids adoptés pour les essais ci-contre. Rappelons que tous ces essais ont été faits en répar. tissant uniformément les poussières ci-dessus définies sur le sol des 65 mètres de galerie, sans les mettre en suspension préalable, et que le coup de poussières a été déterminé par la détonation de 160 grammes de dynamitegomme tirés au fond de l'âme d'un mortier d'acier, profonde de 600 millimètres, avec un diamètre de 55 à 60 millimètres, l'axe étant horizontal et à 0'",60 au-dessus du sol. Un premier résultat remarquable, mis en évidence par ces essais, est la facilité de génération du coup de poussières. La détonation de l'explosif réalise à la fois la mise en suspension de la poussière et son inflammation ; il faut, il est vrai, un certain minimum de charge, et tous les explosifs ne donnent pas ce résultat aussi facilement. C'est ainsi que nos explosifs de sûreté, grisoutine et grisounite couche ou roche, employés dans les mêmes conditions, ne produisent pas le coup de poussières, ainsi que l'ont montré dix essais préliminaires où ces explosifs es-

ET SUR LES MOYENS DE COMBATTRE LEURS DANGERS

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sayés devant un gisement de 225 grammes par mètre cube, à des charges allant jusqu'à 400, 800 et 1.040 grammes, n'ont donné aucune inllammation. Pour que le coup de poussières puisse prendre naissance avec ces explosifs de sûreté, tirés au mortier sans bourrage, il faut que les poussières soient préalablement soulevées, ou que l'on favorise le soulèvement, par exemple, en rapprochant davantage le lit de poussières du trou de mine. La poudre noire est également moins apte que la dynamite-gomme à engendrer le coup de poussières dans ces conditions, parce qu'elle produit un soulèvement moins énergique; quelques essais, dont il sera question plus loin, ont manifesté cette particularité. Avec la dynamite-gomme, lorsque le gisement poussiéreux est favorable, les essais portés au tableau ci-dessus montrent que l'on n'obtient presque jamais de raté d'inflammation ou de propagation, à partir tout au moins de la charge de 160 grammes. L'observation visuelle des essais, de ceux dont nous venons de parler comme de ceux dont il sera question plus loin, a bien vite mis en évidence le mécanisme de la propagation des coups de poussières. A peu près exactement à l'instant où la dynamite détone et où la flamme apparaît au premier hublot de la galerie, on voit une poussée de nuage poussiéreux, d'une part, sortir par le joint de la trappe de la galerie du ventilateur, à 5 mètres du canon, d'autre part, s'avancer au delà de l'orifice de la galerie, à 65 mètres du canon; c'est l'onde produite parla détonation de la dynamite qui, se propageant avec une vitesse au moins égale à celle du son, ébranle l'atmosphère de la galerie, met en suspension les poussières et pousse le nuage poussiéreux formé (*). La densité du (*) Le front de l'oncle de choc produite par la détonation de la dynnmite progresse avec une vitesse sensiblement supérieure à celle du son : cette vitesse atteint environ 390 mètres par sé onde sur les 30 à 50 pre-