Annales des Mines (1910, série 10, volume 17) [Image 261]

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DISCOURS PRONONCÉ AUX FUNÉRAILLES DE M. PERRIN

En 1872, il fut appelé à la résidence de Paris au ser- ' vice des appareils à vapeur de la Seine; puis, en 1883, il fut placé à la tête de l'arrondissement minéralogique du Mans et nommé peu de temps après Ingénieur en chef. En 1896, il revint à Paris occuper les fonctions d'Ingénieur en chef du Contrôle de l'exploitation technique, d'abord au réseau d'Orléans, ensuite au réseau de l'Est. Enfin, en 1903, il reçut le grade d'Inspecteur général et fut chargé en cette qualité de la direction du Contrôle de la Compagnie de l'Ouest. C'est là que la retraite vint l'atteindre en 1906, après quarante-deux ans de services administratifs. La croix de chevalier de la Légion d'honneur en 1882 et celle d'officier en 1903 étaient venues auparavant récompenser ses travaux. Telles sont les principales étapes de la carrière de notre ami. Si elle n'a pas été marquée par une de ces actions éclatantes qui frappent l'esprit des foules, c'est que l'occasion lui a manqué ; mais cette vie si simple a été celle d'un bon serviteur du pays, qui mettait son devoir professionnel au-dessus de tout. Raoul Perrin était d'ailleurs un modeste et un réservé; il était de ceux qui ne savent pas se faire valoir et qui ne se livrent pas du premier coup. Mais quand on avait pénétré dans son intimité, on ne pouvait se défendre de l'aimer pour sa droiture et sa bonté, de l'estimer pour sa conscience, de l'admirer pour sa merveilleuse intelligence et le parfait équilibre de ses facultés. Il était capable de tout aborder et de réussir en tout. Sa puissance d'assimilation était véritablement surprenante ; son jugement était sûr et clairvoyant ; ses avis étaient toujours frappés au coin du bon sens, cette qualité si rare. Dans les loisirs que lui laissaient ses fonctions administratives, puis plus tard quand il fut en retraite, Perrin

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aimait à s'occuper de travaux scientifiques. Il avait une prédilection marquée et une aptitude spéciale pour les hautes spéculations mathématiques. Plusieurs de ses mémoires, qui révèlent une grande profondeur d'esprit, ont fait l'objet de communications très appréciées à l'Académie des sciences ou à d'autres sociétés savantes et lui ont valu de flatteuses distinctions. C'est ainsi que la société mathématique de France l'éleva à sa présidence en 1908 et que la société philomathique de Paris lui décerna le même honneur en 1909. En dehors de la science et de son service d'ingénieur, Perrin ne cherchait d'autre joie que dans son intérieur, au milieu des siens, pour lesquels il avait la plus tendre affection et dont il était adoré. Puisse le souvenir de cette vie honorable et dignement remplie, puissent les nombreuses sympathies dont ce cercueil est entouré apporter un adoucissement à la douleur d'une famille si durement éprouvée.