Annales des Mines (1909, série 10, volume 16) [Image 107]

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LES CATASTROPHES MINIÈRES AMÉRICAINES

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DE MONONGAH, DARR ET NAOMI

en cul-de-sac sur le trajet général d'une explosion peut empêcher celle-ci de se développer dans le quartier. Mais aucune des trois explosions ne donne d'indications sur l'effet utile de zones humides interposées sur le trajet d'une explosion, non plus que sur l'effet des mélanges de poussières schisteuses où terreuses et charbonneuses. Toute cause qui s'oppose au soulèvement des poussières par les chasses d'air qui précèdent la flamme, tend à entraver la propagation de l'explosion. L'influence favorable de l'humidité est due en partie à une action de ce genre. On doit pouvoir également arrêter les chasses d'air en augmentant les frottements et remous, en sorte que la propagation doit être plus aisée dans une galerie rectiligne large et lisse que dans une galerie tortueuse, étroite et boisée. Dans cet ordre d'idées, l'étude de détail de Monongah a montré des cas où l'explosion parait avoir été entravée dans sa marche par l'encombrement d'un train de cars et n'avoir pu s'étendre au delà de l'encombrement qu'en faisant un détour. Ailleurs, la direction du branchement parait avoir eu de l'influence sur sa plus ou moins facile propagation. L'étude de Monongah a encore posé la question des vieilles poussières. A un certain point de vue, une mine à vieilles poussières doit être plutôt dangereuse ; car, à mesure que l'exploitation se prolonge dans un réseau de galeries, la quantité de poussières et leur degré de finesse doivent aller en croissant, si toutefois l'on ne prend aucune mesure pour leur enlèvement. Mais il se peut, qu'à égale quantité et égale finesse, les vieilles poussières ne donnent pas d'explosions aussi violentes que les poussières récemment formées. Ce serait peut-être l'une des nombreuses raisons pour lesquelles les retours d'air sont souvent épargnés dans les explosions généralisées. La multiplicité des galeries à large section formant les principales artères de la mine a été critiquée en Amé-

rique à la suite de la catastrophe de Monongah, comme constituant d'immenses dépôts de poussières fines, jamais enlevées et prêtes à renforcer considérablement l'importance d'une explosion initiale. Il y a une part de vérité dans cette critique ; mais ce serait remédier à un mal par un mal peut-être plus grand, que d'augmenter le risque d'explosion de grisou par insuffisance des voies d'aérage, pour essayer de diminuer le risque d'aggravation d'une explosion initiale. Nous n'insistons pas sur le singulier accroissement du coefficient de mortalité auquel donne lieu la juxtaposition des entrées et sorties d'air, isolées par de simples barrages que la moindre explosion renverse nécessairement, ni sur les dangers que présente l'isolement imparfait de deux grandes mines, au point de vue du risque de propagation d'une explosion. En maintes occasions, au cours de notre récit, un lecteur français a dû s'étonner des pratiques admises dans les mines visitées et que nous avons énoncées sans autre commentaire. Il ne faut pas oublier que les mines américaines se sont présentées jusqu'à ce jour, au point de vue de la sécurité, dans des conditions très différentes des nôtres. Il n'est point douteux que l'on se montre, en France, plus soucieux de la sécurité qu'en bien d'autres pays; mais, à côté de cette, différence de tempérament, existe une différence d'ordre historique ; les mines américaines ont été, jusqu'à ce jour, relativement peu dangereuses; elles ont ressemblé davantage à de vastes carrières souterraines, bien organisées pour la production, qu'à des mines telles que nous les concevons d'ordinaire; le grisou s'y est montré peu fréquent et peu abondant ; les poussières ont été absentes de bien des exploitations. L'extension des mines, qui s'éloignent progressivement des affleurements, a pour effet d'accroître Tome XVI, 1909.

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