Annales des Mines (1909, série 10, volume 16) [Image 7]

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LES CATASTROPHES

MINIÈRES

AMÉRICAINES

dans des galeries d'essais, à provoquer des explosions semblables à celles qui dévastent les mines ; on étudie les circonstances favorables ou défavorables à la production du phénomène ; on éprouve les moyens préconisés pour empêcher les explosions de se produire, ou pour arrêter leur propagation. On peut aussi procéder par observation, et, après chaque catastrophe minière, étudier les effets produits, remonter des effets aux causes, déterminer la cause initiale, noter les circonstances qui ont favorisé l'explosion ou celles qui paraissent avoir empêché celle-ci de s'étendre à telle ou telle partie de la mine. Chacune de ces méthodes est féconde ; elles se complètent l'une l'autre. Les enquêtes après catastrophes ne résolvent que des cas particuliers ; l'expérimentation seule permet de généraliser; la plupart des enquêtes laissent subsister des doutes que seuls peuvent lever des essais de vérification. D'autre part, les essais en galerie ne réalisent jamais qu'assez imparfaitement les conditions de la mine ; si grande que soit la galerie d'expériences, elle ne reproduit jamais une mine entière, ni même un quartier de mine. A défaut d'expériences dans une véritable mine évacuée, l'expérimentateur a donc le devoir, quand se produit une de ces catastrophes, dont malheureusement la liste risque de n'être pas encore close, d'étudier les effets de l'explosion, comme il le ferait s'il avait sous les yeux les résultats d'une expérience en grand, et de rechercher les rapports à établir entre les phénomènes observés et ceux de moindre ampleur ou de caractère différent que les galeries d'essais lui permettent de réaliser. Le Comité des Houillères, lorsqu'il décida la création de la Station d'essais de Liévin, résolut de ne négliger aucun effort dans la lutte contre les grands dangers de la mine. En même temps qu'il dotait cette Station d'essais

DE

MONONGAH,

DARR ET NAOMI

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de l'outillage le plus complet et le plus perfectionné, il ne perdait aucune occasion de tirer de l'observation tous les enseignements qu'elle comporte. Il envoya le directeur de la Station d'essais visiter les mines sinistrées de Reden (28 janvier 1907) et KleimRosseln (15 mars 1907) et rechercher dans les archives de la Direction royale des Mines, à Sarrebriick, des documents relatifs à l'ancienne catastrophe de Camphausen (17 mars 1885), qui avait été le point de départ des mesures prises en Allemagne pour lutter contre le danger des poussières. C'est pourquoi, sitôt connue en France la catastrophe de Monongah, fut-il décidé, avec l'agrément de l'Administration des Mines, que le Comité des Houillères chargerait le directeur de la Station d'essais de Liévin de la mission de recueillir sur place tous documents utiles. M. Dunaime, ingénieur aux mines d'Anzin, a bien voulu apporter son concours à l'accomplissement de cette mission. Le présent mémoire a pour objet de rendre compte de la mission. Les circonstances ont élargi le programme primitivement tracé. En cours de route parvint la nouvelle de la catastrophe de Darr, en Pennsylvanie (19 décembre 1907). Une troisième mine de la même région, celle de Naomi, avait été, à la date du 1 er décembre, le théâtre d'une grave explosion. Enfin pendant le même mois de décembre, le 16, eut lieu l'explosion de Yolande, dans l'Alabama, et, peu de jours après, le 31 décembre, une autre explosion dans une mine du Nouveau-Mexique. L'enquête a été limitée aux trois explosions de Monongah, Darr et Naomi, survenues dans la région de Pittsburg ; les deux autres, d'après les renseignements recueillis auprès du Service géologique fédéral, présentaient moins d'intérêt au point de vue de l'étude des grandes explosions minières. L'étude d'une explosion généralisée de grisou ou de