Annales des Mines (1909, série 10, volume 15) [Image 255]

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NOTICE SUR LÉON MOISSENET

nieur en chef, de l'arrondissement minéralogique de Chaumont (Haute-Marne, Aube, Yonne, Haute-Saône et territoire de Belfort, comprenant notamment les mines dehouille de Ronchamp), et les douze ans et demi qu'il passa dans cette même ville de Chaumont, après sa mise à laretraite avec le titre d'Inspecteur général honoraire. Bien que n'ayant point fait de service ordinaire commeIngénieur ordinaire, il prit son service à cœur et s'y donna tout entier malgré la besogne matérielle qu'il comportai! et qui était si profondément différente des travaux antérieurs de Moissenet. Estimant que l'Ingénieur en chef doit être le conseiller de tous ceux qu'il contrôle, il mettait son expérience et ses avis à la disposition de tous* ceux qui le consultaient, avec une bienveillance non exclusive de fermeté qui le faisait apprécier de tous. Il résolut la question, depuis longtemps pendante à l'époque, et intéressant trois ministères, de la répartition des eaux des sources thermales de Bourbonne-les-Bains entre l'hôpital militaire et l'établissement hydrothérapique affermé-' par l'Etat, fit aboutir les conférences nécessaires, exécuta les travaux que comportait sa réalisation et étudia la réglementation et l'extension du périmètre de protection des sources. En même temps il prenait une part active aux travaux de la Commission météorologique de la Haute-Marne ; de la Commission de surveillance des bateaux à vapeur ; de la Commission d'hygiène et de salubrité publiquesdu conseil d'administration de l'École normale d'institutrices ; du bureau d'administration du lycée ; du Comité de ravitaillement et du Comité départemental de l'Exposition universelle de 1889. Il fut pendant huit ans délégué cantonal pour la surveillance des écoles primaires. De concert avec son collègue des Ponts et Chaussées, M. Émile Carlier, il organisa à Chaumont, où ils manquaient, des cours publics complets d'enseignement se-

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condaire pour les jeunes filles et recruta pour eux les meilleurs professeurs delà ville (*). Enfin Moissenet donna son concours à l'étude et à l'installation des étuves de désinfection à l'hôpital de Chaumont; à l'adduction d'eau à Auberive, et à la solution de diverses difficultés pendantes entre le service des travaux du canal de la Marne à la Saône et certaines des communes traversées par ce canal. . Nous ne pouvons d'ailleurs mieux faire, pour résumer cette période de la vie de Moissenet et terminer la présente notice, que de nous référer au discours prononcé sur la tombe de Moissenet par M. Cadart, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, qui avait vu Moissenet à l'œuvre pendant tout son séjour à Chaumont et avait gardé avec lui des relations amicales après sa mise à la retraite. « M. Moissenet ne limitait pas son activité intellectuelle aux affaires de son service et à ses recherches scientifiques ; il faisait profiter ses concitoyens de ses connaissances théoriques et pratiques Permettez-moi quelques souvenirs personnels : la reconnaissance m'interdit de les passer sous silence : nous avons souvent rencontré dans nos travaux des difficultés qui soulevaient des problèmes de géologie et d'hydrologie. Elles nous paraissaient ardues et nous laissaient quelquefois hésitants. Nous avions alors recours au doyen vénéré des Ingénieurs haut-marnais. Avec quel empressement il nous accueillait! A une époque où déjà les déplacements lui étaient pénibles, il n'hésitait pas à se transporter dans les vallées éloignées de la Mouche et de la Vingeanne, pour y descendre avec nous dans des tranchées profondes. Avec une clarté qui rappelait l'ancien professeur, il circonscrivait nettement le nœud de la difficulté et nous (*) Notice nécrologique sur Emile Carlier, par M. Guillain (Annales des Ponts et Chaussées, 1908, volume V).