Annales des Mines (1909, série 10, volume 15) [Image 21]

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COMMISSION DES RECHERCHES SUR LE GRISOU

prix plus élevé que les anciens manchons en cristal plombeux ou en verre ordinaire ; mais leur durée plus grande parait devoir compenser cette cherté dans une certaine mesure, et, en tous cas, leur haut degré de sécurité est à lui seul un motif suffisant pour que les sociétés houillères en généralisent l'emploi dans les quartiers gr^outeux. En Belgique, où l'on s'est préoccupé de la même question, les règlements ne permettent d'employer pour les lampes de sûreté que des verres portant des marques à ce agréées. Il ne nous semblerait pas opportun d'entrer dans cette voie en France ; nous craindrions que la marque ne donne parfois qu'une fausse sécurité, à cause des variations possibles dans des livraisons différentes, comme nous avons eu l'occasion de l'observer à propos des verres d'Iéna mis dans lecommerce. Il nous paraîtrait préférable que les exploitants procèdent à des essais par livraison, comme il est d'usage de le faire dans l'industrie pour nombre de fournitures. Dans l'espèce, il nous paraît possible de soumettre les verres à des épreuves simples et concluantes/Les très nombreux essais que nous avons dû faire, pour comparer avec les anciens verres ordinaires les nouveaux manchons de Baccarat ou d'Iéna, nous ont montré en effet que l'on peut, par des procédés d'une application facile, mesurer le degré de résistance des verres de lampe à la rupture par échauffement brusque, qui paraît être le critérium le plus sûr de la durée des manchons en service courant. Nous voulons parler de l'essai au bec Berzélius décrit dans nos rapports précités et permettant, comme nous l'avons montré, de classer les verres d'après l'intervalle qui s'écoule entre le début de réchauffement et l'instant de la rupture. Les expériences très multipliées que nous avons faites et celles, plus nombreuses encore, poursuivies aux cristalleries de Baccarat pour déterminer méthodiquement la

SUR LES ESSAIS DE VERRES DE LAMPES DE MINES

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composition donnant la résistance maximum ont montré que notre méthode d'essai au Berzélius donne, pour tous les verres d'une même coulée ayant subi le mêmerecuit, la même durée de résistance à la rupture à quelques secondes près, même lorsque cette durée dépasse deux ou trois minutes. De plus, l'identité des résultats obtenus dans notre laboratoire et à Baccarat en prenant des becs de même diamètre, alimentés par du gaz d'éclairage à la même pression et sous le même débit, prouve qu'il est facile d'obtenir toujours les mêmes résultats, à la seule condition de définir exactement un très petit nombre des facteurs pouvant influer sur la durée de résistance des verres à ce mode d'essais. Il semble donc possible d'introduire cet essai dans la pratique courante, sans aucune difficulté, sous forme de clause dans les contrats d'achats des verres de lampes de mines ; on pourrait y spécifier par exemple qu'une certaine proportion .de verres, prélevés dans chaque lot et soumis à cet essai, ne devrait donner qu'un pourcentage déterminé de ruptures au bout d'une durée à fixer (pour les verres de haute résistance comme ceux de Baccarat soumis à la Commission, il pourrait être stipulé que 1 p. 100 des verres devrait donner au maximum 10 p. 100 de ruptures dans un essai durant cinq minutes). Voici d'après nos expériences comment pourraient être définies les conditions de l'essai au Berzélius : Le verre laissé dans un local sec depuis au moins vingtquatre heures est placé froid au-dessus et exactement dans l'axe d'un bec Berzélius annulaire (de modèle ordinaire, à trois brûleurs) ayant 45 millimètres de diamètre extérieur, l'orifice annulaire de sortie du gaz mélangé d'air ayant 40 millimètres de diamètre moyen et 2 millimètres comme largeur de fente. L'appel d'air est fait par trois orifices circulaires de 14 millimètres de diamètre, ouverts en grand pendant l'essai.