Annales des Mines (1908, série 10, volume 14) [Image 281]

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SUR QUELQUES ASSOCIATIONS D'OUVRIERS MINEURS

temps normal, discuter des intérêts communs des ouvriers. En fait, elle n'a aucune importance. A peine existe-t-elle. Elle est née au lendemain de la grève de 1905, à l'heure où les mineurs vaincus sentaient le besoin de se rapprocher les uns des autres. Mais, depuis, chaque syndicat a reconquis ses forces et l'accord est loin de régner entre eux. En outre, cette Commission n'a pas d'existence légale; les patrons peuvent vouloir l'ignorer. Et vraisemblablement, sinon certainement, en cas de grève, on refuserait de recevoir la Commission, pour cette raison qu'elle ne représente pas la majorité des ouvriers. Les dirigeants des Associations ouvrières ne se font d'ailleurs aucune illusion et considèrent eux-mêmes la Siebener Commission comme sans valeur, sinon comme mort-née. REVENDICATIONS ACTUELLES DES MINEURS.

Pour terminer, je mentionnerai les revendications actuelles des mineurs, dont les Associations sont les porte-paroles, sinon en droit, vis-à-vis des Compagnies, du moins en fait vis-à-vis du public. Au point de vue des salaires, peu de choses, sinon d'une façon générale l'augmentation, bien entendu. Bien que le contrat collectif du travail soit inscrit parmi les objets que le Gewerkverein se propose d'atteindre, on n'en parlé pas actuellement. On fait beaucoup de bruit autour de la liste noire. Cette liste est celle que les patrons se communiquent pour se signaler les mauvais ouvriers. 4.000 ouvriers, paraît-il, auraient en six mois été mis dans l'impossibilité de travailler. Ces procédés, non spéciaux à la Ruhr, irritent énormément les ouvriers.

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EN ALLEMAGNE

Ceux-ci cherchent à faire adopter un projet de loi qui interdirait de pareilles listes. Il y a actuellement un procès entre le Verband et les patrons, pour forcer ces derniers à réintégrer les ouvriers congédiés. Le Verband n'a d'ailleurs aucun espoir de le gagner. Le même projet de loi devrait apporter : Le droit de coalition ; La journée de huit heures (c'est-à-dire y compris descente et remonte) ; Extension des droits des comités ouvriers, avec assurance d'une plus grande liberté et sécurité pour leurs membres ; Enfin création des délégués mineurs. Pour ce dernier point, les arguments sont fournis par l'augmentation du nombre des accidents. Sur 1.000 assurés, la proportion a été : 1886 1890. 1900 1903 1904 1905

Morls et blessés

Morts

65,45 72,49 103,48 120,09 124,83 126,45

2,54 2,21 2,12 1,92 1,87 1,91

Il est toutefois à remarquer que les accidents mortels diminuent. La deuxième colonne ne mérite-t-elle pas, pour toutes sortes de raisons, plus de considération que la première? Quoi qu'il en soit, les ouvriers réclament contre l'augmentation des accidents. Certains auraientpu être évités, si la surveillance avait été bien faite. Otto Hue prétend que le contrôle de l'État est inefficace. Son argumentation peut se résumer ainsi : En moyenne (pour toute l'Allemagne), une fosse reçoit la visite d'ingénieur du contrôle toutes les trois ou quatre semaines. Il faut songer qu'à chaque visite on ne parcourt qu'une partie des travaux.