Annales des Mines (1908, série 10, volume 14) [Image 278]

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SUR QUELQUES ASSOCIATIONS D 'OUVRIERS MINEURS

Il y a un règlement de grève en 23 paragraphes où tout est prévu, jusqu'au cas où le nombre des grévistes serait trop grand pour qu'ils puissent tous tenir dans la même salle ! Unè grève ne peut être déclarée sans l'approbation du Conseil. Pour "de simples revendications, l'homme de confiance doit également en aviser le Conseil, qui jug'e. Les projets de grève de défense, contre des règlements, diminutions de salaires, ou autres dommages que pourrait subir la classe ouvrière, doivent être envoyés à l'Administration centrale au moins quinze jours avant la déclaration de grève. Pour les grèves d'attaque, la communication doit être faite huit semaines avant. Une grève -entreprise sans l'approbation du Conseil ne donne lieu à aucun secours. Ces secours ont été réglementés en 1907 : Y ont droit les ouvriers appartenant depuis vingt-six semaines au Verband. Il est spécifiquement indiqué que les non-syndiqués ne recevront rien, afin de ne pas recommencer ce qui a été fait en 1905, où ceux-ci ont été secourus. A partir delà deuxième semaine après la dernière paye, on distribue 12 marks par semaine aux membres mariés, 10 aux célibataires. En outre, chaque père de famille reçoit 1 mark pour chaque enfant au-dessous de quatorze ans. Les ouvriers qui reprendraient le travail avant la décision du Conseil seraient tenus de rembourser les secours reçus. RELATIONS ENTRE LE VERBAND ET LE GEWERKVEREIN .

Ces relations manquent tout au moins de cordialité. Lors de la grève de 1905, ces deux associations firent cause commune et caisse commune. Après la défaite, les dissentiments apparurent aussitôt. Entre beaucoup d'autres, on peut citer «l'affaire des 7.000 marks». Les mineurs anglais avaient envoyé à la caisse de la grève 40.887 marks, ceux du Northumberland 10.214. En tout,

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plus de 50.000 marks. Le Verband considéra ces 50 .0UO marks comme lui appartenant, parce que le Gewerkverein s'était jusqu'alors abstenu de figurer aux congrès internationaux. Le Gewerkverein répondit que l'argent était destiné aux grévistes sans distinction. Finalement, aujourd'hui encore, le Verband réclame au Gewerkverein 7.000 marks, que celui-ci s'obstine à ne pas payer. Il est assez naturel que ces deux associations si différentes, quant au fond, ne puissent s'entendre. Voici un exemple (raconté par un membre du Verband) : dans le district de Gelsenkirchen, le Verband ayant organisé une réunion, un chrétien alla dénoncer « les rouges » à la police. Les rouges eurent 25 marks d'amende. A toutes les élections ils sont rivaux. Ils s'enlèvent les salles de réunion. L'aubergiste qui a la clientèle de l'un n'a pas celle de l'autre. Une tactique assez aimée du Verband consiste à accuser le Gewerkverein d'être l'agent du Centre. C'est ce qu'il fit, par exemple, à Rheirfpreussen, aux élections du Reichstag. La conséquence en fut que tous les membres protestants du Gewerkverein démissionnèrent. Le Gewerkverein est le syndicat jaune, le Verband est le rouge. Toutefois, bien que les mineurs chrétiens aient une politique modérée et prudente, et combattent les tendances révolutionnaires, les exploitants ont cru devoir adopter vis-à-vis d'eux une attitude cassante, qui a pour conséquence naturelle de les rejeter vers l'Alter Verband et de rapprocher ces frères ennemis. Il est curieux d'entendre ceux-ci se lancer les pires accusations, et en même temps déclarer bien haut leur amour de la concorde et les bienfaits de l'union.