Annales des Mines (1908, série 10, volume 14) [Image 231]

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LES GISEMENTS DE MINERAI DE FER

DE LA LAPONIE SUÉDOISE

Les minerais des deux gisements lapons se présentent donc dans des conditions excellentes, et leur avantage sur les minerais de Meurthe-et-Moselle s'accroîtrait dans les deux régions de Ruhrort et de Dortmund, où ils peuvent dès à présent arriver directement par eau de Rotterdam ou d'Emden(*). Mais, à côté de cet avantage, les minerais de la Laponie suédoise se trouvent dans des conditions qui rendent leur situation moins avantageuse. Il faut d'abord remarquer que leur extraction est limitée, par suite des conventions intervenues entre les Sociétés laponnes et le Gouvernement suédois. Le district métallurgique de la Ruhr, qui en consomme des quantités considérables et qui, d'après les statistiques officielles en 1906, a fait appel à 6.488.796 tonnes de minerais étrangers contre 4.815.046 seulement provenant du Zollverein, ne pourra donc pas trouver dans l'augmentation limitée de la production de Laponie les minerais nécessaires, tant par suite du développement de sa sidérurgie que de l'appauvrissement et de l'épuisement d'autres régions productrices de minerais. En second lieu, les conditions du rachat doivent engager la L. K. A. à maintenir sur le marché les prix de vente les plus élevés possible pour ses minerais et, en tout cas, à chercher à s'assurer un bénéfice moyen de 3 couronnes par tonne dans les dernières années (4 fr. 17 ou 3 m \36), à partir de 1922. Dans la période précédente, elle devra essayer de vendre le tonnage maximum autorisé ou tout au moins de rester peu au-dessous de ce tonnage, puisqu'en 1932 ou en 1937, ce ne sont que des quantités d'au maximum 7 ou 5 millions de tonnes dont l'État peut avoir à payer la non-extraction. Ce sera donc surtout dans

cette période 1908-1922 qu'il pourrait s'élever des doutes ; les quantités considérables de minerai engagées dans la Ruhr jusqu'en 1918, la demande de plus en plus grande du minerai lapon en Angleterre, paraissent devoir supprimer la crainte d'une lutte de prix entre les minerais lapons et ceux d'autres provenances, pour leur placement sur le marché mondial.

(*) La situation favorable des minerais lapons s'accroîtra encore du fait de l'ouverture probable, en 1915, du canal de llerne (canal de Dortmund à l'Ems) à Ruhrort, desservant par embranchement Essen, Bochum et Gelsenkirchen.

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Enfin, des particularités des minerais lapons dans le traitement au haut fourneau sont à signaler, qui ont un intérêt capital; ces minerais ont le défaut d'une teneur très variable en phosphore, qui force les mines à faire aux chantiers des séparations en catégories et qui nécessite aux usines la constitution de stocks différents suivant les qualités et des analyses fréquentes pour le passage au haut fourneau. Les Suédois répondent à cet argument contre leurs minerais qu'il est facile de constituer, avec les minerais mêlés de Gellivare et de Kirunavara, un lit de fusion type pour fonte Thomas. Si l'on supposait, en effet, pour l'année 1906, avoir pu passer dans une même usine, avec addition de fondants non ferrifères appropriés, tous les minerais extraits en cette année à Gellivare et Kirunavara, 895.000 tonnes à 65 Fe et 0,8 Ph, 1 .488.000 tonnes à 62,8 Fe et 1 ,6 Ph, on aurait eu en définitive 1 .626.000 tonnes d'une fonte à 92 p. 100 Fe et 1,85 Ph, c'est-à-dire une fonte type Thomas. Il n'en resterait pas moins la nécessité d'analyses continuelles, qui n'ont aucune raison d'être pour les minerais de district de la minette, à teneur si constante en phosphore. Quand bien même, d'ailleurs, les circonstances actuelles ne se modifieraient pas (et, en réalité, l'extraction de minerai de Kirunavara devant arriver, en fin de contrat, à être quatre fois plus grande que celle du Gellivare, la quantité de Ph dans la fonte aurait une tendance très nette à augmenter, au fur et à mesure que les années