Annales des Mines (1908, série 10, volume 14) [Image 54]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

104

LA TRACTION PAR LOCOMOTIVES A BENZINE

DANS LES TRAVAUX SOUTERRAINS DES MINES

alimenté soit à l'aide d'un mélange de vapeurs de benzine et d'air, soit à l'aide du mélange grisouteux ambiant. M. Beyling a donc cherché, tantôt à empêcher la transmission d'une inflammation d'un mélange de vapeurs de benzine et d'air à un mélange grisouteux, tantôt à arrêter la propagation d'une inflammation dans un mélange gri-^ souteux. Il n'a jamais cherché à arrêter cette propagation dans un mélange de vapeurs de benzine et d'air. Les dispositifs qui ont subi avec succès les épreuves imaginées par M. Beyling ne donneraient donc une sécurité absolue que si l'on admettait que tout dispositif qui est de sûreté contre le grisou, l'est aussi contre les vapeurs de benzine ; cette équivalence n'existe évidemment pas dans tous les cas. M. Beyling ne paraît l'avoir vérifiée qu'en ce qui concerne les tamis des lampes de sûreté (Cf. p. 100). Il est probable qu'elle existe pour les dispositifs dont il va être question. M. Bejding a, en somme, constaté que le plus souvent ces dispositifs arrêtaient très franchement la flamme des explosions. Néanmoins, pour ceux qui se sont laissés traverser par de faibles lueurs, un doute peut subsister, étant donné la paresse que montrent à s'enflammer les mélanges grisouteux. Nous faisons également remarquer qu'il n'a été employé, au cours de ces expériences, que de la benzine, à l'exclusion du benzol.

A notre connaissance, on n'a jamais fait d'expériences, à l'échappement, sur un dispositif analogue. M. Beyling a seulement constaté l'inefficacité, à l'échappement, de la superposition de deux tamis en fil de laiton de 0 mm ,4, à 81 mailles par centimètre carré. Il n'y a, du reste, pas lieu, semble-t-il, de songer à exposer des tamis à l'action continue des gaz chauds et humides sortant du moteur. On n'a pas davantage soumis aux essais le dispositif imaginé par M. Russell, directeur de la mine Kônig Ludwig, et consistant en une masse compacte de tournure de fer, retenue entre deux toiles métalliques. L'expérience faite de ce dispositif a, en effet, indiqué que la rouille rendait rapidement la tournure de fer imperméable aux gaz d'échappement. Ce dispositif n'est évidemment pas applicable à la conduite d'aspiration, à cause des dangers d'entraînement par l'air vers le moteur de fragments métalliques. On a essayé, à l'échappement seulement, un système de chicanes (Labyrinthschutz), constitué par six plaques de tôle équidistantes, placées à l'intérieur d'un cylindre en tôle de 122 millimètres de longueur, et percées chacune de dix-huit trous, de 10 millimètres de diamètre rassemblés dans une même région de la plaque : sur deux plaques consécutives, les trous étaient disposés au voisinage de deux génératrices opposées du cylindre, de manière à ce que les gaz fussent obligés d'effectuer le plus long trajet possible. Cette protection est assez séduisante par sa robustesse et sa simplicité. Malheureusement M. Beyling la juge insuffisante, non pas qu'il l'ait mise en défaut, mais parce qu'il a vu qu'elle se laissait traverser par des flammes qui, trop peu chaudes ou trop peu durables pour enflammer le grisou dans les conditions de l'expérience, n'en étaient pas moins l'indice que la protection fonctionnait trop près de sa limite de sécurité. En définitive , les essais de Gelsenkirchen ont surtout servi

Sur la conduite d'aspiration, on n'a pas expérimenté les tamis métalliques superposés (sous la forme de six tamis à 144 mailles par centimètre carré, espacées de 4 millimètres). Des essais antérieurs avaient montré l'efficacité de ce dispositif, qui a, du reste, également reçu la consécration de la pratique. Il est recommandé de changer les toiles assez souvent ; nous connaissons une mine allemande, où il est arrivé que l'air aspiré par le moteur entraînât des fragments de toiles métalliques qui venaient caler les soupapes.

105