Annales des Mines (1908, série 10, volume 13) [Image 232]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

BULLETIN

460

BULLETIN

s'il le voulait, avec les goûts simples qu'il possède, une vie heureuse. Mais il a naturellement ses vices, et ses résolutions les meilleures faiblissent bien vite devant l'alcool, dont il ne fait toutefois usage que par intermittence ; lorsqu'il manque d'argent, il se décide à aller travailler à la mine pour s'en procurer. Étant donné la difficulté de recruter du personnel, les Compagnies ont été obligées d'avoir recours à des moyens un peu particuliers : lorsqu'une Compagnie manque d'ouvriers, elle s'adresseà des agents qui reçoivent le nom d' « enganchadores ». L'enganchador réside généralement dans la Sierra, à la capitale du district; il est presque toujours commerçant ; connaissant admirablement la population indienne, qui, tous les dimanches, se rend au marché pour y vendre les produits du sol et y faire ses achats, il envoie, çà et là, quelques rabatteurs qui, entre deux verres d' « aguardiente », propose à l'Indien d'aller travailler dans telle ou telle mine. L'Indien se fait d'abord tirer l'oreille, mais résiste difficilement aux 4 ou 5 livres promises par l'enganchador à titre d'avance. Le contrat est conclu, et il signe un engagement par lequel il donnera, par exemple, 230 journées de travail à telle Compagnie. L'enganchador est naturellement remboursé par la Compagnie de l'avance de fonds qu'il a consentie et touche comme commission 10 centavos par journée contractée, soit, suivant l'exemple que nous avons pris, 25 soles pour 250 journées. Dans le cas où l'ouvrier partirait sans accomplir son contrat, l'enganchador est responsable vis-à-vis de la Compagnie de la somme avancée à l'Indien, sous déduction de sa commission au prorata des journées de travail effectuées. L'on est obligé de reconnaître que si l'enganche est un mal, il n'est pas sans avoir sa raison d'être. L'Indien ne se décide à aller à la mine qu'après avoir reçu une avance : presque toujours il ne s'y rendra qu'après l'avoir dépensée. Plusieurs Compagnies ont essayé de faire comprendre à leurs ouvriers que leur contrat d'enganche expiré, ils devaient continuer à travailler librement et sans contrat : elles ont complètement échoué. Si le typhus, la variole ou la fluxion de poitrine l'ont épargné, une fois son contrat fini, l'Indien revient à sa cabane, et il ne retournera à la mine que poussé par des circonstances imprévues. La population ouvrière, tant dans les mines en général que dans les industries métallurgiques qui y sont adjointes, a atteint en 1906 le chiffre de 13.361 ouvriers. Les salaires de ceux-ci sont extrêmement variables, suivant les départements et le travail

4(31

qu'ils entreprennent. On peut évaluer de 40 centavos à 1 sole, 50 le salaire journalier, sans nourriture, des ouvriers mineurs ; de 80 centavos à 2 soles celui d'un ouvrier métallurgiste. Le transport du minerai est généralement pénible et difficile dans les mines. Les galeries sont étroites et laissent à peine passer un homme. Presque toujours on le transporte au moyen de « capachos », bourses en cuir portées sur le dos par chaque ouvrier et contenant un poids de minerai variant de 25 à 30 kilogrammes. C'est là l'exploitation primitive, mais aujourd'hui quelques Compagnies ont adopté un outillage plus moderne et transportent le minerai par wagonnets. Exportation. Les tableaux ci-dessous indiquent les quantités et les valeurs des minerais et matières minérales exportés en 1906 et pendant le premier semestre de 1907.