Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 98]

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COMMISSION DU GRISOU

globe le carbone intact du trinitrotoluène du cordeau. Au contraire, avec des explosifs au chlorate de potasse (95 p. 100 deC10 3 Ket5p. 100 de glycérine, correspondant à une température de détonation de 1.500° avec excès d'oxygène), on a retrouvé sur les parois du globe des taches d'oxyde de plomb et pas de charbon. Il semble donc qu'on ait ainsi réalisé les deux cas limites ; en particulier avec les explosifs au nitrate d'ammoniaque, il parait ne se produire aucune réaction entre les produits du cordeau et l'oxygène disponible de l'explosif, et l'auteur en conclut, avec beaucoup de probabilité, que l'amorçage au cordeau ne modifierait pas la température de détonation des explosifs de sûreté au nitrate d'ammoniaque employés en France. Ce point acquis, il y aurait donc à prévoir dans l'emploi du nouvel amorçage pour les explosifs de sûreté les avantages suivants : Détonation assurée de toute la charge explosive, quelle que soit sa longueur; Suppression certaine des culots et de la projection dans les déblais d'explosifs non détonés ; Impossibilité de décompositions anormales (tardives ou fusantes) ; Possibilité de faire détoner correctement en trous de mine certains mélanges à haute sûreté dans le grisou, laissés de côté jusqu'ici par suite d'une aptitude insuffisante à la détonation ou d'une propagation trop lente de la détonation, le nitrate d'ammoniaque pur par exemple, qui, ainsi amorcé, donne un rendement comparable à celui des grisounites. Des essais pratiques ont été effectués à la demande de l'auteur par la Compagnie des Mines de Lens, au moyen de grisounite-couche Favier comprimée en cartouches percées d'un canal axial pour le passage du cordeau. Les prévisions précédentes ont été réalisées d'une façon com-

NOUVEAU DISPOSITIF D'AMORÇAGE DES EXPLOSIFS

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plète, et les essais ont, en outre, donné les résultats suivants, tout à fait inattendus et d'une haute importance pratique : 1° Les charges d'explosifs Favier ont pu être réduites de 20 p. 100, tout en donnant le même travail utile ; 2° On a pu remplacer, sans qu'il y ait diminution de rendement, la poudre Favier B, qui n'est pas antigrisouteuse, par de la poudre Favier-couche à température dodétonation inférieure à 1.500°, et cela avec une réduction de 20 p. 100 sur le poids de l'explosif. Ces essais ayant porté sur plus de 200 kilogrammes d'explosif, les conclusions des Mines de Lens présentent donc de sérieuses garanties. L'accroissement d'effet utde est attribué par M. Lheure à ce que, avec l'amorçage ordinaire, la détonation n'est pas complète, même quand on ne retrouve pas de culots au fond des trous de mine. Nous partageons cette manière de voir, que nous avons eu l'occasion de développer ailleurs (Annales des Mines, octobre 1905), pour expliquer certaines discordances relevées dans les essais de Frameries. Cet accroissement d'effet utile compenserait, en tout cas, les frais supplémentaires dus à l'emploi du cordeau. Ces premiers résultats montrent le grand intérêt du nouveau mode d'amorçage préconisé par M. Lheure. Dès à présent, en raison de la suppression certaine des culots et des ratés, de l'accroissement de rendement et de l'emploi possible de nouvelles substances explosives, il semble qu'il y ait un avantage réel à l'appliquer dans le tirage des coups de mine dans les mines non grisouteuses et dans les carrières et, à cet égard, nous sommes d'avis qu'il y a lieu de porter à la connaissance des exploitants de mines et carrières l'amorçage Lheure, en publiant sa note dans les Annales des Mines. En ce qui concerne les exploitations grisouteuses, on ne peut se prononcer encore et la possibilité de l'emploi